Détective Dee : La Légende des Rois Célestes

C’était certainement l’une de mes plus grosses attentes de cet été et j’ai eu la chance de découvrir en avant-première Détective Dee : La Légende des Rois Célestes, réalisé par Tsui Hark. Alors, notre fonctionnaire préféré fait-il toujours travailler ses petites cellules grises ?

“Une vague de crimes perpétrée par des guerriers masqués terrifie l’Empire de la dynastie des Tang. Alors que l’impératrice Wu est placée sous protection, le Détective Dee part sur les traces de ces mystérieux criminels. Sur le point de découvrir une conspiration sans précédent, Dee et ses compagnons vont se retrouver au cœur d’un conflit mortel où magie et complots s’allient pour faire tomber l’Empire…”

Contrairement aux précédents films, très centrés sur les capacités de déduction de Détective Dee, l’intrigue se tourne ici très vite vers les jeux de pouvoirs et les jeux de dupes incarnés par la puissante figure de l’Impératrice Wu, interprétée par la délectable Carina Lau.

Cette dernière est persuadée que l’Empereur va utiliser Dee et Dragon Docile, l’arme mystique du précédent opus, contre elle. Prise de paranoïa, elle va s’entourer du très loyal général Yushi Zhenji, de sorciers qui font littéralement la pluie et le beau temps et aussi de la très efficace Water Moon qui se caractérise aussi bien par sa magie que par sa science du combat. 

L’ambiance à couteaux tirés au sein du palais Impérial révèle les bouffonneries courtisanes pour accéder aux faveurs de l’Empereur. Difficile de ne pas rire quand un sorcier esquisse un mouvement de danse de l’épaule en faisant sa démonstration d’apparition de quatre bras, la situation devenant embarrassante pour toute l’assemblée.

Ce déploiement potache d’hommes et de femmes de main de l’Impératrice s’imbrique dans une histoire plus large où sévissent les dangereux Diables Masqués.

Ces tractations à tiroirs placent notre Détective Dee en arrière plan, une situation qui permet de le découvrir sous un autre jour. On l’a toujours vu fier et sans failles, en train de mener ses enquêtes à la baguette mais on le retrouve ici malade, en quête d’une résolution personnelle mystique. Le chemin va être semé d’embûches pour Dee…

Cette nouvelle tournure narrative dans la saga Détective Dee permet à Tsui Hark d’insuffler une longue séquence de planification à la manière des films de casses (Tom, c’est toi !) qui sera par la suite vite tournée en dérision par Dee lui-même et son assistant Shatuo.

Les relations entre les personnages fournissent la bonne humeur nécessaire à alléger le fond complotiste et politique du film. Il est plaisant de voir Dee et le général Yushi comme des potes un soir de match, tandis que Shatuo va développer un flirt loin de la zone gnan-gnan avec Water Moon dont les punchlines valent de l’or.

Les couleurs des décors et du palais évoluent en accord avec le tourbillon narratif, on passe par des rouges et des verts très purs pour le palais à des rouges limites cramoisis pour tout ce qui touche aux Diables masqués. On découvre aussi des déclinaisons de teintes naturelles pour ce qui attrait à la spiritualité et à la magie antique.

Le chef opérateur Sung Fai Choi a intelligemment posé son nuancier sur l’évolution psychologique des différents personnages et son travail m’a d’ailleurs évoqué les ambiances du très beau Padmavati (sorti le 25 janvier en France et disponible depuis sur Amazon Prime Video).

Avec ce nouvel opus, Tsui Hark nous montre qu’il a encore une fois parfaitement pensé la 3D dans sa mise en scène. Les grands moments du métrage mélangent à la fois cavaliers à cheval, combats à l’épée et différents éléments fantastiques alors que ces différentes techniques de combats restent maintenues dans leurs périmètres et toujours lisibles (ce qui est primordial en 3D).

Ce jeu entre espace et chorégraphies ponctue le film de combats plus réduits, comme pour habituer l’œil à l’ultime baston. On apprécie toutefois la persistance d’échanges aux contact rythmés, notamment entre Water Moon et Shatuo.

Avec Détective Dee : La Légende des Rois Célestes, Tsui Hark prend le parti de faire évoluer la formule narrative du célèbre détective tout en laissant toute latitude à ses acteurs de s’exprimer sur le champ comique. On se régale d’un univers étudié et de ses chorégraphies folles, si vous avez l’opportunité de le découvrir en salles en avant-premières, allez-y !

Sinon, rendez-vous en salles le 8 aout !


■ Detective Dee : La Légende des Rois Célestes  ■ Réalisé par Tsui Hark  ■  Sortie française le 08/08/2018 ■ Durée : 132 minutes   ■ Avec Mark Chao, Carina Lau, Shaofeng Feng, Sichun Ma…