Darkest Minds : Rébellion

Lors de la promotion de Darkest Minds : Rébellion, cela ne vous a certainement pas échappé que l’accent était mis sur la production liée à la désormais célèbre série Netflix Strangers Things. Cette démarche est assez commune, mais là où on peut tiquer c’est que la réalisation est assurée par une créatrice au cursus déjà fort respectable : Jenifer Yuh Nelson.

En effet, avant de passer à la réalisation en live action, Jenifer Yuh Nelson possède une expérience très solide au sein de DreamWorks Animation avec Kung Fu Panda 2 & 3 qui, au vu de la popularité de la franchise, aurait été un argument de choix pour défendre cette adaptation du roman d’Alexandra Bracken.

“Dans un futur proche, les adolescents ont été décimés par un virus inconnu. Les survivants, dotés de pouvoirs psychiques incontrôlables, sont classés par couleur en fonction du danger qu’ils représentent pour la société, et parqués dans des camps. Ruby, l’une des plus puissantes d’entre eux, parvient à s’en échapper pour rejoindre un groupe de jeunes en fuite à la recherche d’un refuge. Rapidement, cette nouvelle « famille » réalise que fuir ne suffira pas dans un monde où les adultes au pouvoir les ont trahis. Ils vont mener une rébellion, unissant leurs pouvoirs pour reprendre le contrôle de leur avenir.”

Cette survie adolescente se dessine autour d’un livre important dans la mythologie anglo-saxonne Watership own de Richard Adams. Le groupe composé de Zu, Chubs et Liam est rejoint dans cette fuite vers l’avant par Ruby et fait un parallèle avec les lapins en quête d’une terre promise du roman.

La notion de foyer s’installe dans une métaphore filée dans l’évolution de ces personnages. Ruby pense sans cesse à ses parents qu’elle désire retrouver, Liam émet des doutes sur La Ligue une association aux intentions opaques, enfin Zu et Chubs possèdent un lourd baguage sur la découverte de leurs dons respectifs.

La quête de l’Eden parcourt le film à la fois comme une rumeur, une utopie et enfin une réalisation sérieuse à l’image de la précieuse colline de Watership Down. Il est intéressant de noter que l’utilisation de cet ouvrage diffère de l’habituel mythe américain très forgé par Le magicien d’Oz avec la poursuite d’un éventail de références et une vision du monde plus anglaise, où le film d’animation Watership Down est une institution (tout comme le livre), diffusé plusieurs fois par an.

Le foyer et la famille sont des concepts perpétuellement remis en question durant ce long-métrage. Les moments éphémères et volatiles prennent ainsi une dimension profonde, poétique et pleine de sens baignés dans une lumière crépusculaire pour les mettre en relief face au monde très terne des adultes. Ces instants sont le parfait canevas des relations entre les différents protagonistes : Ruby et Liam développent un amour compliqué, Ruby et Zu ont pour elles seules une amitié proche de la sororité, Chubs discret et intelligent est l’élément nécessaire au groupe pour avancer dans les décisions importantes.

D’ailleurs, les acteurs et actrices apportent une sincérité et une fraicheur à la narration de leur personnages. Il est facile d’être touché par leur histoire et leurs relations et savoir qu’il s’agit d’un premier volet donne beaucoup d’espoir pour la suite de cette saga Young Adult. Les performances de Amandla Stenberg (Ruby) et Myia Cech (Zu) sont à mettre en avant, lesquelles détonnent de naturel et de sincérité.

On peut toutefois reprocher au film de parfois trop se reposer sur des titres musicaux pour souligner l’émotion, alors que le travail des acteurs et des équipes artistiques suffisent amplement à faire comprendre le message.

Darkest Minds : Rébellion résonne d’autant plus au moment que nous vivons actuellement, où la génération des millénials (dont je fais partie) essaie de se construire avec ses talents en dépit des règles construites par les générations précédentes. Cette comparaison n’est pas anodine car elle s’inscrit dans un traitement narratif mature loin des facilités conventionnelles auxquelles on peut être habitué dans un spectacle grand public. Rien n’est jamais simple, un peu comme dans la vie quoi.

Ce film fait partie de mes expériences random de l’été et réussit brillamment grâce à ses qualités à être un point d’entrée vers un nouvel univers. Je vais donc de ce pas me tourner vers le livre d’Alexandra Bracken que vous pourrez trouver chez votre libraire indépendant, soit sous le titre du film Darkest Minds : Rébellion ou sous l’autre nom de la première édition, Les Insoumis.


■ Darkest Minds : Rébellion  ■ Réalisé par Jenifer Yuh Nelson  ■  Sortie française le 08/08/2018 ■ Durée : 104 minutes   ■ Avec Amandla Stenberg, Mandy Moore, Gwendoline Christie…