Spirou au cinéma : les 6 conseils pour déjouer l’ombre du Z.

Spirou et Fantasio vont donc débarquer sur le grand écran. Après Astérix, Tintin, Benoit Brisefer et tant d’autres, ce n’était qu’une question de temps avant que le duo de papier n’ait droit à une reconversion cinématographique forcée. Qui s’annonce déjà épique !

Tout est parti de là en ce dimanche après-midi très calme sur twitter :

Fidélité Productions (prod du Petit Nicolas) a acheté cette année les droits d’adaptation de … Spirou et Fantasio. Voilà voilà.
— Alexandre Loos (@AlexLoos) November 17, 2013

On peut croire à une blague mais on doit à Fidélité l’inoffensive adaptation du Petit Nicolas ou le bien moins brillant Astérix et Obélix au service de Sa Majesté. La nouvelle est très vite corroborée par le producteur Marc Missionnier qui annonce également les deux scénaristes en charge de l’adaptation :

@cloneweb @AlexLoos @MgCinema Ecrit par @mathieuoullion et @cecilesellam qui ont travaillé entre autre sur l’excellent Radiostars.
— Marc Missonnier (@marcmissonnier) November 17, 2013

Matthieu Ouillon et Cécile Sellam. Respectivement le co-scénariste de Radiostars et celle du nanar De l’huile sur le feu. Ils peuvent quelque part s’estimer heureux de travailler sur les aventures du groom, le grand nombre d’albums sortis constituant une source incroyable de détails et d’histoires, au moins tout autant que ce que les américains peuvent avoir sur leurs héros de comics, tout en ayant la possibilité de donner un infléchissement radicalement cinématographique au sujet.  

Mais vu le côté périlleux du sujet, voici six conseils honnêtes pour partir sur des bases les moins nanardes possibles. 
1 – Ne pas faire le film en live-action.

Mais ça, il y a des chances pour que ce soit déjà mort. Il faudrait mettre en place une sacrée co-production pour tenir le budget et lorsqu’on voit la difficulté qu’Astérix a pour revenir en animation, ce n’est pas gagné. Et on ne parlera même pas de la performance capture ou du cinéma virtuel, quasi un gros mot sous nos latitudes ! Car de toutes manières, dans la tête des décideurs, animation = enfants…

2 – Ne pas s’inspirer de Franquin.

On leur en serait gré. Il a tant marqué le duo de son empreinte que le minimum à faire serait de ne pas récupérer comme base l’un de ses albums. Ça tombe bien, le Marsupilami n’appartient pas à Dupuis et ses droit d’exploitation cinéma sont dans la poche d’Alain Chabat, qui nous a déjà tué l’animal une première fois l’année dernière.

3 – Embaucher une vraie direction artistique !

Voir Sur la piste du Marsupilami. Voir Boule et Bill. Voir…honnêtement : moins de fric pour un casting de têtes « prestigieuses » et plus pour l’équipe du production design, ce serait pas du luxe. Pareil pour le chef op’ d’ailleurs. Je ne demande pas forcément quelque chose d’ultra-stylisé, le prouve le dernier Dupontel, dont l’image était à la fois vibrante et naturelle sans abus de clinquant.  

4 – Eviter un casting fainéant.

On rejoint le point 3. Evidemment, on sait que les chaînes de télévision demandent des tronches connues pour lâcher de quoi financer le film, mais à un moment il faut savoir réfléchir et se demander ce que l’on veut : un machin à écouler en lousedé le dimanche soir sur la première chaîne pour un public francophone anesthésié ou un film avec plus d’ambition, qui pourrait passer les frontières et faire réellement péter le box-office ?

5 – Ne pas tomber dans la pure comédie « à la française ».

Spirou et Fantasio est un matériel idéal pour le buddy-movie, ce qui peut donner quelque chose de très bien au cinéma, les précédents ne manquant pas. Bien sûr que les personnages sont drôles, mais pas au sens où Gomez et Tavarez est drôle. Et si c’est ce type d’humour qui est mis en avant…on pourra fermer les écoutilles car les belges voudront certainement nous faire la guerre.

6 – Embaucher un réalisateur capable.

Surement le conseil le plus difficile ! Du côté français, il n’y a guère qu’un réalisateur typé comme Jean-Pierre Jeunet (qui imprimerait forcément son univers sur la bande-dessinée, ce qui peut avoir son lot d’heurs et de malheurs) ou encore le dévastateur fanboy qu’est Christophe Gans, qui de son côté a tenté de nombreuses années de lancer une adaptation de Rahan. Je mettrai pour ma part quelques sous sur Alexandre Aja qui , en présence d’un bon script, pourrait certainement tirer quelque chose d’intéressant du format, mais son exil justifié aux USA l’extirpe de la la liste…

Mais voilà. je ne suis qu’un simple spectateur de ce qui se trame, et un simple spectateur puisque c’est à moi que l’on proposera le produit final, avec pour décision ultime de faire du film un succès ou un échec. Comme l’a si bien dit Manuel Alduy, le monsieur cinéma de Canal + : le cinéma, comme toute culture, « est d’abord une affaire d’offre avant d’être une question de demande. »