Raised by Wolves

Cet article abordant des détails de l’intrigue de la première saison de la série, la lecture se fait à vos risques et périls quant aux spoilers s’y trouvant.

Découvert par le grand public grâce au succès de Prisoners de Denis Villeneuve, le scénariste Aaron Guzikowski est de retour sur les écrans de télévision avec la première saison de Raised by Wolves, qui signe aussi une collaboration avec Ridley Scott en tant que producteur et réalisateur, un homme plutôt familier avec la science-fiction, la croyance et un certain goût pour le futurisme usé.

Au XXIIème siècle, deux androïdes sont chargés d’élever des enfants humains sur une mystérieuse planète vierge, Kepler 22b. Tandis que la colonie humaine menace d’être déchirée par des divergences religieuses, les androïdes découvrent que contrôler les croyances des humains est une tâche aussi complexe que difficile.

Tout d’abord destinée à la plate-forme de streaming HBO Max, lancée aux USA cet été, la série débarque chez nous sur Warner TV France avec cette première saison de dix épisodes réalisés par Ridley Scott, Luke Scott, Alex Gabassi, Sergio Mimica-Gezzan, James Hawes et écrit par Guzikowski, mais aussi Heather Bellson, Karen Campbell, Don Joh et Sidney Daly.

Chaque épisode, à l’exception du premier et du final de saison durent entre une heure et trois quarts d’heure, et sont obligatoirement à regarder dans l’ordre puisque comme de nombreuses séries depuis l’avènement des plateformes de streaming, on est en fait face à un feuilleton à l’ancienne.

Raised by Wolves

Formellement, Raised by Wolves est bien sûre tributaire de la mise en scène et de la vision de Ridley Scott et de son chef opérateur Dariusz Wolski, aux commandes des deux premiers épisodes et instigateurs du point de vue sur cette imagerie techno-médiévale déployée au fil de l’histoire.

De nombreux éléments, détails, tenues et autres désirs esthétiques rapprochent la série de ce que le réalisateur avait voulu évoquer en 2012 dans l’inégal Prometheus, notamment la notion de nouveau départ et de “Paradis”, tout en étant doublé sur sa droite par Aaron Guzikowski dont les ruminations sur la religion et l’extrémisme amorcées dans Prisoners sont ici déployées entre deux factions dont les représentants sont aussi divers que tordus.

Niveau casting, cette première saison voit s’opposer le couple d’androïdes joué par Amanda Collin et Abubakar Salim, respectivement connu par les enfants (dont Campion sera le seul survivant) cultivés en batterie comme Mother et Father, à un groupe de colonistes Mithraïques débarquant quelques années plus tard via un vaisseau appelé l’Arche.

Raised by Wolves

Parmi eux, Sue et Marcus (Niamh Algar et Travis Fimmel) détonnent par leurs réactions et méthodes moins conventionnelles, certainement car ils sont en réalité des soldats de l’autre faction avec lesquels les Mithraïques sont en guerre, connus sous le nom d’athéistes…

D’autres éléments sont dévoilés au cours des épisodes, comme la nature du conflit entre Athéistes et Mithraïques, le vrai statut de Mother, mais aussi ce qui s’est passé sur Kepler 22b, dont le manque de vie et le de faune est anxiogène mais cache un passé lui aussi hanté par des croyance et des fantômes finalement bien palpables.

Après avoir vu l’intégralité de la première saison en avant-première, je ne peux qu’exprimer le même type d’avis que devant Prometheus : la série créée par Aaron Guzikowski possède de très intéressantes approches thématiques et de très beaux visuels (la série a été tournée en Afrique du Sud) enrichis par d’excellents costumes, des effets spéciaux rarement avares en spectaculaire ou en fulgurances gore.

De manière curieuse, cette émulsion entre la grammaire visuelle et les idiosyncrasies de Scott avec le texte de Guzikowski donne parfois naissance à de très beaux épisodes, comme “Pentagram”, “Infected Memory” ou “Faces”, ce qui contribue hélas à affaiblir les autres segments, dont la mise en scène est parfois plus hésitante, moins pensée et donc plus durement jugée à l’aune de ceux-ci.

Raised by Wolves

Aussi, et hélas, ce sont parfois les interprétation de certains personnages qui fini par pêcher : Marcus perd en profondeur durant la saison, même si ça se fait au profit d’autres membres du casting, il est un peu dommage de voir Travis Fimmel tourner en rond et surjouer la folie.

De même, malgré une place privilégiée dans la narration, le jeu d’Abubakar Salim est handicapé par des problématiques concernant Father qui sont, sans mauvais jeu de mot, assez artificielles, et sont à ajouter à des approches d’un fond pourtant intéressant qui sont régulièrement un peu lourdes.

La fin de saison tend à remodeler le paysage connus des alliances et des luttes avec le débarquement d’un vaisseaux athéiste, l’éclosion d’un dragon autochtone aux accents très “Alien”, évoquant autant 1979 que 2017 ainsi qu’un aperçu de ce qui peut se trouver dans la zone des tropiques de Kepler 22b.

De quoi relancer des enjeux pour une saison 2 après une première vague qui aurait pu, comme certaine séries Netflix, être écourtée de quelques épisodes pour obtenir un rythme de visionnage un peu plus satisfaisant.

Malgré le fait d’être un peu trop amoureuse de ses mystères, Raised by Wolves reste en l’état assez recommandable pour passer quelques soirées d’hiver en compagnie d’androïdes jouant aux parents, de planète chuchotant à l’oreille de ses colonisateurs et de visuels assez saisissants.


■ Raised by Wolves ■ Créé par Aaron Guzikowski ■ Diffusion française le 07/06/2020 ■ Nombre d’épisodes : 10 ■ Avec Amanda Collin, Abubakar Salim, Winta McGrath, Niamh Algar, Travis Fimmel, Jordan Loughran…