Après avoir échoué dans ses études d’art et accepté un banal travail de bureau, une peintre pleine d’imagination va peut-être réaliser son rêve : adopter une licorne.
La licorne est un animal mythologique peuplant les contes et légendes, symbolisant la pureté associée à la rareté de l’instant. Kit, l’héroïne interprétée par Brie Larson, incarne une licorne croyant en son potentiel artistique dans un monde régit par les lois souvent absurdes du monde du travail et plus généralement des adultes.
Elle est spontanée, créative et aime jouer avec couleurs et paillettes sur les murs de sa chambre. Kit est une héroïne bizarre dans le bon sens du terme et il est d’ailleurs agréable de voir ce trope grandir au féminin car on a trop l’habitude de le voir être encensé au masculin dans des films comme Napoleon Dynamite (que j’adore !) ou Bienvenue à Marwen pour une déclinaison plus artistique et tragique.
Les licornes se reconnaissent entre elles et c’est ainsi que Kit va rencontrer Virgil (Mamoudou Athie), un jeune vendeur du Brico Dépot du coin où elle cherche à accomplir une mission spéciale dans son rêve de posséder le fameux animal légendaire. Leur relation va être tendre, complice tout en gardant sincérité et franchise. On a juste envie de préserver leurs rendez-vous loin de ce monde de brutes.
Samuel L. Jackson, quant à lui, se régale dans l’interprétation de The Salesman, une sorte de Willy Wonka des désirs refoulés. Il inscrit des repères émotionnels, personnels et familiaux pour Kit dans sa quête de merveilleux. Son “Store” est le seul endroit où les couleurs rayonnent de manière surréaliste et où Kit exprime librement son imagination, comme sa colère envers le monde des adultes.
Le monde des adultes, parlons-en : tout y est gris, et même les couleurs paraissent habillées de gris. La mise en scène de ces instants bureaucratiques et disruptifs est fonctionnelle, à la manière du réalisme de The Office pour sa simplicité blasée.
Outre l’ignoble Gary, Kit y croise des espoirs fanés comme Crystal à qui le même Gary a fait miroiter de l’avancement dans l’entreprise. Les rares étincelles viennent du livreur et de sa collègue Sabrina, qui vont la soutenir dans sa quête de paillettes.
Ses parents sont aussi là pour lui rappeler le privilège qu’elle a d’être entourée mais aussi la cruauté de la vie par rapport aux jeunes en difficultés qu’ils croisent dans leur travail à Emotion Quest, un organisme de réinsertion en pleine nature avec des activités comme du camping. Ils sont conscients des difficultés de Kit et souvent maladroits dans leur relation avec elle.
Unicorn Store est un cri au monde que la bizarrerie féminine existe et qu’elle peut se déployer, s’exprimer face à celui-ci. Le film arrive aussi à glisser ce qu’il faut d’amertume et de regrets pour ne pas tomber dans le niais.
On arrive ainsi à un équilibre entre merveilleux et vie d’adulte à entretenir le plus longtemps possible. Unicorn Store a particulièrement résonné en moi, je ne peux que vous encourager à le visionner mais si votre parcours est semé d’incompréhensions diverses, les larmes viendront aussi.
■ Unicorn Store ■ Réalisé par Brie Larson ■ Sortie française le 05/04/2019 ■ Durée : 92 minutes ■ Avec Brie Larson, Samuel L. Jackson, Mamoudou Athie, Joan Cusack…