Il y a des films sur lesquels repose une forte attente d’action et de divertissement, Animal World a fait partie de cette catégorie à partir du seul moment où j’en ai regardé la bande-annonce.
“Un ado malchanceux croulant sous les dettes est contraint de participer à un tournoi mortel animé par un être diabolique où ses aptitudes en maths lui seront très utiles.”
Le héros, Zheng, nous est tout d’abord montré comme un mec dérangé qui se voit comme un clown de comic-book, ce qui laisse espérer de la grosse action, et dans le même temps, on le découvre en looser pas magnifique délaissant le chevet de sa mère malade et se faisant berner par son ami agent immobilier. Aucun de ces aspects finit par le faire briller, heureusement qu’il est doué à pierre-papier-ciseau… mais quel rapport avec le reste me direz-vous ? (vous avez raison)
Dans sa lositude, il croise Liu, l’infirmière de sa maman alitée mais aussi de son cœur, qui se révèle être le cliché du love interest du héros fainéant. Elle le remet gentiment à sa place, elle lui donne son bento alors qu’elle sort d’un service exténuant, bref, diablement sous-écrite ! Ce constat est d’autant plus dommageable que l’actrice, Dongyu Zhou, y met toute sa justesse et sa sincérité malgré son temps restreint à l’écran.
On remarque toutefois le soin apporté au casting de second plan avec des tronches dignes d’un western, qui démontre l’ambition d’Animal World d’avoir une portée internationale. L’écossais à la moustache flamboyante, l’acteur français non-canadien et l’italien ténébreux accro aux cartes ne déméritent pas, rendant les interactions avec le héros intéressantes à suivre et il faut bien ça pour tenir devant le film.
Passons maintenant à l’intrigue, notre pas si fou très looser Zheng se retrouve sur un uber-bateau casino où il va devoir se sortir de ses embrouilles grâce à un tournoi exceptionnel de pierre-papier ciseau.
A partir de ce moment, le film bascule dans une valse de probabilités agrémentée de petits tutoriels explicatifs pour chaque partie, cette ambiance joueuse n’est pas sans rappeler la série animée Gambling School (Kakegurui). La stratégie et l’enchaînement des parties sont pleines d’intérêt mais atteignent leurs limites à force de montages consécutifs trop nombreux d’animation en CGI de cartes à jouer.
Cette partie sous haute tension est rythmée par les apparitions de Monsieur Anderson, interprété par un Michael Douglas aussi rapide que vénère. Le maître du jeu se distingue surtout par ses daronnades à répétitions, d’abord “Douglas Anderson” engueule le héros comme si c’était son fils qui n’avait pas fait ses devoirs, puis il disparaît dans son lounge de luxe. On l’oublie puis, bim, il revient mais cette fois pour se défouler sur tous les joueurs qui ne s’entretuent pas assez à son gout. Michael Douglas te rappelle que c’est lui le daron, d’abord !
La conception du bateau-casino est en soi une belle prouesse de production design et d’effets spéciaux car les boiseries art-déco ponctuées de décorations dorées sont agréables à regarder et finement pensé. Il en est de même pour les entrailles mécaniques du lieu, les concepteurs d’effets spéciaux se sont donné à fond et j’espère que ce film leur apportera de nouveaux contrats.
Animal World se distingue forcément par sa pratique intense du chifoumi, mais est-ce un film ? Est-ce un jeu ? On peut le voir comme une grosse production concept de film-jeu mais n’attendez rien de fou et prenez une bière corsée et des nachos au cheddar pour combler le visionnage de la bête.
■ Animal World ■ Réalisé par Yan Han ■ Sortie française sur Netflix le 30/09/2018 ■ Durée : 132 minutes ■ Avec Yi Feng Li, Dongyu Zhou et Michael Douglas…