Double programme à faire peur : MontClare/Cooties

“One ticket please” par Andreas Rocha

Avec Nbu, nous avons comme rituel régulier de choisir deux films fantastiques, puis de les accompagner de bonbons et autres cochonneries. C’est une manière de fêter Halloween toute l’année ! J’ai donc choisi de vous parler de MontClare : Rendez-vous de l’horreur, une trouvaille australienne des années 80 et le très attendu Cooties, toujours inédit chez nous mais trouvable en galette chez nos amis anglais.

MontClare : Rendez-vous de l’horreur 

A la suite de la mort de sa mère, la jeune Linda hérite d’une maison de retraite au plein milieu du bush australien. Dès son arrivée, des événements étranges surviennent au sein de la vieille bâtisse, ce qui va pousser l’héroïne à mener l’enquête sur les véritables causes du décès de sa mère. Elle va se retrouver confrontée à Connie, la gouvernante rigide et très (trop ?) attachée au patrimoine familial, quitte à la forcer à signer la vente du bien pour la libérer de ce fardeau.
On entre facilement dans cette ambiance marquée par la vieille dentelle et les déambulateurs, grâce au personnage de la jeune Linda, interprétée avec justesse et retenue par Jacki Kerin. On comprend la difficulté pour elle à devoir gérer de nouvelles responsabilités et son désir de vivre plus pleinement sa jeunesse. C’est d’ailleurs cette finesse d’approche qui m’a tenu accrochée jusqu’au dénouement.
Niveau décors, la maison de retraite se détache de l’aridité du paysage australien par son style anglais, ce qui a été un terrain de jeu idéal pour le réalisateur Tony Williams. Sa mise en scène joue avec subtilité de la vue subjective, couplée à de très longs travellings, semant ainsi le doute dans l’implication des personnages et leur position dans cette immense demeure. Le suspens reste donc intact jusqu’à la révélation finale, une plus-value non négligeable dans ce genre de métrage. 

Hormis la musique teintée de synthétiseur de Klaus Shulze, l’ambiance du film dégage une certaine intemporalité. Les personnages principaux sont habillés de tenues basiques et pratiques ce qui lui donne un aspect contemporain. On n’est ni perdu ni choqué par le kitsch de cette époque, un choix judicieux qui permet découvrir le film sans crainte.

Sorti en 1983, MontClare dénote aussi des productions post-apocalyptiques australiennes à la Mad Max de cette époque. Le film se paye même le privilège de narguer les films de hantise européens, ce qui est remarquable. Poussé par une démarche si originale, on ne peut qu’être tenté de passer un moment avec Linda dans cette étrange maison de retraite.

Du bon travelling comme j’aime ! 

Cooties 


Passons maintenant à la zombification en école primaire ! On découvre Clint (Elijah Wood), un jeune professeur remplaçant, lors de sa première journée. Après s’être fait jauger par ses collègues, avec en première ligne Wade (Rainn Wilson) le professeur d’EPS, la situation dégénère très vite à cause de la transformation des élèves en créatures affamées de chair, touchées par des nuggets dégueux qui ne zombifient que les êtres n’ayant pas atteint la puberté. Le corps enseignant va devoir faire preuve d’ingéniosité pour survivre !

Ce corps enseignant, parlons-en ! Malgré un contre-emploi assez efficace d’Elijah Wood en jeune professeur imbu de sa personne, on peine à s’attacher à ce petit groupe. Ils nous sont tous présentés comme de gros clichés, par exemple la prof de maths est une alcoolique et le prof de sport un beauf (toutefois brillamment interprété par Rainn Wilson). On regrette alors que les personnages restent coincés dans leur stéréotypes en pleine situation de survie, et même la fraîcheur de la jeune et blonde Lucy (Allison Pill) devient agaçante sur la longueur du film.

Heureusement, Cooties mérite un bon point quant au mélange des univers, entre enfance et zombification. On assiste à des scènes léchées où les membres d’adultes servent à agrémenter des jeux d’enfants, voire faire l’objet de jeux en eux-mêmes. On peut se souvenir des intestins servant de corde à sauter ou du doigt sur une roue de vélos. A ce niveau, le film est généreux et si vous êtes amateur de gore, vous y trouverez votre bonheur.

Hélas, Cooties ne transcende pas son concept de départ, en partie à cause de l’écriture sans saveur de ses personnages principaux. On peut aussi déplorer le manque de surprise due à un envahissement de notre quotidien par les zombies. En ce moment, on décompte au moins trois séries télévisées sur le thème, les bouquins, les films B et Z… ça devient difficile d’en trouver qui fasse neuf et original !

Naptime, motherfuckers !

Verdict !

Sur ce double programme, ma préférence va du coup à MontClare : Rendez-vous de l’horreur, tout simplement car le concept reste constant du début à la fin et la pression est finement gérée. On comprend pourquoi le film a été primé au Festival du Film Fantastique de Paris en 1983 !

MontClare étant extrêmement rare à trouver (sauf si vous aimez les VHS allemandes), je vous invite à vous rendre sur l’Antre du Fantastique et de la Science-Fiction afin de trouver votre bonheur. Dès qu’un éditeur français décidera de le licencier, je me ferai un plaisir de vous communiquer un lien plus officiel, bien sûr !