Téléfilm : Regular Show – Le Film

Après sept saisons et plus de 200 épisodes, Cartoon Network décide de faire fort en nous proposant un long-métrage basé sur l’univers de l’une de ses séries phares, Regular Show. Malgré son intitulé qui en réfère au cinéma, ce long-métrage est finalement plus un arc narratif composé d’épisodes de 11 minutes qu’une forme longue de narration. 
Reste la sempiternelle question : “Ooooh !” ou “Not cool, dude !” ? 
Mais faisons tout d’abord un point sur la situation actuelle de la série : comme je l’ai déjà écrit, la formule de la série repose sur un statu quo : l’équipe composée de Benson, Mordecai, Rigby, Skips et Pops s’occupe du parc où ils sont employés, avant que ne surviennent d’affolantes péripéties, souvent amorcées par le geai bleu et son ami le raton-laveur… 

Mais après tant d’histoires racontées, dont certaines de très haut niveau, difficile d’apprécier les deux dernières saisons, où cette formule commence à s’ossifier lentement, via l’apparition de “suites” aux épisodes les plus célèbres ou de tentatives manquées de recomposer des duos de storyboarders aussi efficaces qu’Owen Dennis et Toby Jones. 

Comme pour toutes les sitcoms ayant atteint un certain âge,  le statu quo commence donc à peser sur la série, qui aurait bien besoin d’un “game changer”: un événement pivot qui infléchisse la série vers un nouvel équilibre. Une chose qui permettrait de faire un tant soit peu évoluer les personnages, et pourquoi pas d’en accueillir d’autres, en ce moment secondaires et pourtant porteurs d’une vitalité narrative bienvenue, comme Eilleen.

Le prélude de ce film prend pour racine notre duo préféré de paresseux, et c’est via leurs avatars du futur que l’on découvre la menace : un tornade temporelle menace de détruire le tissu même de la réalité, et tout semble perdu. Le Rigby du futur (moustache et coupe de cheveux 80’s à l’appui) veut corriger ses torts et décide de partir dans le passé, poursuivi par un Mordecai bien décidé à lui faire la peau ! Pourquoi ? Ils vous faudra regarder Regular Show – Le Film pour le savoir !

Véritable mic-mac temporel, le long-métrage se permet le luxe de lier différentes époques afin d’arriver au but, mimant avec un certain zèle non dénué de sens parodique les circonvolutions inhérentes à ce genre de manœuvre scénaristique. Et ca fonctionne au moins durant la première demi-heure, car au-delà de cette limite, c’est les aller-retours incessants entre les personnages qui nous dévoile la vérité sur les conditions de production du film.

Pour des soucis d’efficacité, le film, une fois le prélude passé, a été divisé en segments de dix minutes (l’équivalent d’un épisode), forçant à jouer sur une forme de séquentialisation équipée de micro enjeux , afin de gérer plus aisément la production d’une histoire voulue plus longue.

Le positif, c’est que ce long-métrage ne ressemble pas un long épisode…mais c’est aussi sa plus grande faiblesse, puisque les micro enjeux proposés n’ont pas la prise voulue sur des personnages dont a vu traverser bien pire.

Et ce même si le nœud final des événements laisse planer une bascule du sacro-saint statu quo, il n’en est rien, et l’on ne peut que parier sur l’avenir et la septième saison pour que ce qui s’es déroulé dans ce film ait des répercussions à long terme sur la série.

Evidemment, en tant que spectateur de longue date de la série, je suis assez tatillon sur l’aspect narratif, qui ne devrait pas être le premier abord. Est-ce que le film est fun ? Oui, il l’est. A-t-il du rythme ? Mmmh, c’est déjà plus discutable, et c’est plutôt l’effet d’avoir bingé une demi-douzaine d’épisodes qui s’impose à la fin du visionnage.

On peut aussi mettre en avant le problème qui commence à éclater aux côtés de la formule : celle de la mise en oeuvre. Principalement axé sur l’hommage/pillage/réinterprétation de la culture pop plus ou moins underground des 80’s, on sent que le filon commence à s’épuiser et les blagues visuelles attenante à être moins séduisantes.

Ce résultat n’est pas uniquement dû aux faiseurs mais aussi à la réplication de ce type de formule dans l’ensemble des médias (d’autres séries animées le font, comme Sanjay & Craig, ou encore l’excellent reboot des TMNT) ce qui commence à provoquer une “80’s fatigue” qui pourrait à terme être fatale à la série, qui fut précurseuse de ce type de gimmick.

Reste un spectacle éminemment sympathique, qui fera la joie des téléspectateurs petits et grands et qui peut constituer un point d’entrée très honnête pour de nouveaux fans. Ils seront ainsi ravis de découvrir qu’en fin de compte, le meilleur est encore devant eux avec des perles comme “Le Pouvoir”, “Salut Gouverneur” ou encore “Le dernier lecteur de vidéodisques” (qui fut nominé à Annecy, rien que ça !).

Au final, ne mettez pas trop d’espoir dans ce film Regular Show, qui ne fait pas bouger grand chose pour la série, sous peine d’être férocement déçu. La septième saison, qui a désormais commencé, semble amorcer quelques menus changements, mais il est encore trop tôt pour confirmer quoi que ce soit…  


■ Regular Show – Le Film   ■ Réalisé par JG Quintel   ■ Sorti le 18/12/2015   ■ 68 minutes   ■ Avec les voix de JG Quintel, Mark Hammill, Sam Marin, William Salyers…