Critique : Through the Woods

On a bien rigolé, hein, il y a quelques jours avec Voltan Le Barbare. Du coup, changement d’ambiance et je vous parle aujourd’hui d’une bande dessinée qui va vous faire frissonner la moelle épinière : Through The Woods de Emily Carroll.
Le livre est un recueil de cinq histoires évoquant à travers chacune d’elle des angoisses et peurs profondes. On retrouve entre autres un inquiétant voisin, un frère qui semble ne pas être lui-même, un monstre qui ronge de l’intérieur… Les récits évoquent des thèmes universels pour encore mieux saisir le lecteur d’effroi.
Emily Carroll pose un univers tout en tonalités sombres, où la monstruosité se détache par l’usage de la couleur rouge. Ce choix graphique rappelle bien évidemment le sang, mais aussi le côté carnage organique que peut faire un monstre à l’intérieur d’un corps humain. La couleur rouge est bien, sans mauvais jeux de mots, le fil rouge des histoires de ce recueil.
Extrait de “My Friend Janna” où la possession de Janna s’imprègne dans leur relation amicale.

Seule l’histoire “A Lady’s Hands are cold” se détache par plus de couleurs vives mais froides, on est aussi dans un univers qui touche au merveilleux avec une interprétation fantastique de l’après typique des contes : “ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants.”

La composition des pages appuie l’apparition de l’horreur dans la vie des personnages. Dans “His Face All Red”, on commence dans un endroit bien défini, un bar où l’on voit le personnage s’interroger sur la nature réelle de son frère. 
La structure des pages est alors très régulière, puis lorsque que la paranoïa du héros s’insinue, tout est chamboulé. Les cases se fondent peu à peu dans l’obscurité et opèrent un basculement, un décadrage subtil sur les protagonistes de l’histoire. Cette utilisation de l’espace rend l’impact du fantastique d’autant plus efficace.

Un quotidien perturbé…

 …qui plonge progressivement le protagoniste vers des nuits sans sommeil.

Cette histoire est d’ailleurs placée après le récit merveilleux, ce qui en tant que gradation de l’angoisse est très justement pensé.
Lors de ma découverte de cette bande dessinée et après la lecture, j’ai vérifié plusieurs fois si ma porte d’entrée était bien fermé et j’ai parlé avec une amie pendant une heure sur internet, tellement j’ai eu les pétoches. L’abstraction du style d’Emily Carroll permet d’évoquer et de projeter le fantastique de manière concrète chez soi, de manière insidieuse.
L’introduction de l’ouvrage promet de réveiller les terreurs enfantines enfouies et bien…chose promise, chose due. Je vous conseille de le lire si vous êtes en quête de frissons, Through The Woods, tout comme Jolies Ténèbres, sait manier la peur primale des contes en l’ancrant encore plus dans notre quotidien.
Si vous vous voulez savoir si vous êtes de taille à affronter l’univers d’Emily Carroll, rendez vous sur son site officiel où pourrez découvrir quelques uns de ces strips.


■ Through the Woods   ■ Publié le 15 juillet 2014   ■ Ecrit et dessiné par Emily Carroll   ■ Publié par McElderry Books   ■ 208 pages   ■ Disponible sur Amazon.fr