Critique croisée : Les Pingouins de Madagascar

La Magie de Nowel nous a poussé irrésistiblement vers notre cinéma et pour tenter une expérience givrée : Les Pingouins de Madagascar. Nous en sommes ressortis non pas bouleversés mais plutôt…partagés, c’est pourquoi 2015 commence avec une critique croisée.
L’histoire en mode ultra rapide : Après une intro pleine de mignoncité, nous retrouvons les Pingouins en marge du final de Madagascar 3 où le quatuor veut fêter l’anniversaire de Soldat à Fort Knox. 
Débarquant à coup de canon, ils arrivent non pas pour l’or mais pour des Crousty au fromage, puis le distributeur de nourritures les kidnappe, puis ils rencontrent le méchant du distributeur qui s’appelle Dave la Pieuvre mais personne s’en souvient, puis les Pingouins sont exfiltrés par l’équipe méga entraînée du Vent du Nord, puis… puis plein d’autres choses ! 
Mon avis :
Vous pensez que l’histoire des Pingouins de Madagascar est conne, et bien vous avez raison ! Les Pingouins restent égaux à eux-mêmes, Commandant dirige, Kowalski dit la vérité, Rico mange tout ce qu’il voit, Soldat est Soldat. Leur motivation première est donc avant tout de se faire péter le bidou avec des biscuits apéro.
L’absurdité des situations dans lesquelles se retrouvent les Pingouins nous plonge dans une ambiance digne des stoners, ces comédies américaines complètement déjantées. Comme Harold et Kumar cherchent frénétiquement un burger, ici nos héros sont accros aux biscuits salés. Il n’y a qu’un pas que je franchis joyeusement pour penser que le film est un gros trip sous substances illicites.
Pour pousser plus loin le jeu du non sens, le personnage du méchant Dave parle à ses sbires uniquement en rime, par exemple “Huguette et Mauricette, aux manettes !” adjointe à la répartie sans failles de Commandant, cela donne des situations délicieusement drôles.
Je salue d’ailleurs le travail d’adaptation française, en effet dans la version originale la diabolique pieuvre joue avec des noms d’acteurs dans ses répliques, pour ne citer qu’elle : “Nicolas, cage the penguins !”. Cette liberté de ton donne une saveur qui rappelle les grands moments de Darwin et Minerve Mayflower dans Hudson Hawk.
L’animation, quant à elle, est assez inégale, on sent que les animateurs ont pris plaisir à faire bouger les tentacules de Dave et à jouer sur son côté flasque. Pour le reste, on remarque une certaine routine dans les mouvements de nos héros bicolores, routine venant de la trilogie Madagascar et de la série animée éponyme..

Lors de sa sortie aux Etats Unis fin novembre, le film s’est littéralement fait dépouiller par le très attendu Big Hero 6 et a été un flop. On peut remettre en cause sa programmation dans l’année, de fait les mois d’hiver sont en général plus propice à une recherche d’émotions pour le public en adéquation avec les fêtes et les retrouvailles familiales. Une force comique telle que Les Pingouins aurait peut-être eu plus de chance de cartonner en période estivale, où la décontraction fait loi.

S’il se trouve que le public français réserve habituellement un bon accueil aux films DreamWorks Animation, les récents chiffres du box-office ne sont, même ici, pas très bon, bien que sa suite de  carrière puisse apporter son lot de surprises.

Après une année riche en émotions animées, que ce soit Le Conte de la Princesse Kaguya ou dernièrement Le Chant de la Mer en passant par La Légende de Monolo, j’ai largement donné de ma petite larme. Les Pingouins de Madagascar s’est avéré comme une soupape de rire intense et je me suis laissé porter par la frénésie de l’action, laissez-moi vous dire que j’en ai profité un maximum.
Si vous avez besoin de décompresser, Les Pingouins de Madagascar est une bonne prescription, que je recommande. Mais la question qui se pose est : est-ce que l’effet de ce shoot de rire perdurera lors de la deuxième vision ? Réponse lors de la sortie vidéo.

L’avis de Nbu :

Ayant lâché Madagascar au second épisode et fait l’impasse sur la série animée, c’est complètement détaché de l’univers de ces personnages de l’écurie DreamWorks Animation que je suis allé voir ce spin-off. Et quelle claque !
Soyons clair : ces Pingouins de Madagascar sont totalement débiles, avec une intrigue prétexte au déferlement de gags qui émaillent le métrage ! On ne peut d’ailleurs pas dire que l’équipe n’essaie pas d’aller chercher le public, ce qui explique qu’une blague chasse l’autre, parfois à la vitesse de l’éclair. 


Si ça ne pose pas de problème quand un gag pourri est balayé d’un coup, c’est déjà plus ennuyeux quand ça arrive aux meilleures blagues, qui payent au prix fort cette frénésie générale. Autre point délicat : le film, sorti cette année, semble avoir été bâti sur les même bases techniques que ses prédécesseurs, certainement pour siphonner son budget. 
Je ne dirai donc pas que le film est laid, mais certains décors et autres personnages secondaires sont parfois nettement en décalage esthétique avec les protagonistes, ce qui donne l’impression d’un film qui cache la misère en réutilisant tout ce qu’il peut afin de faire baisser la facture finale. 
Reste d’excellentes séquences et idées de gags, qui sont hélas en partie sacrifiés par une mise en scène qui reste désespérément fonctionnelle, là où la Grande Aventure Lego faisait preuve de plus d’inventivité et de signifiance dans ses choix d’axe et de montage. 
Après l’excellente adaptation française des Boxtrolls, je rejoins Madmoiselle Murieta sur celle de ces pingouins, assez habile dans sa volonté de garder un maximum de blagues et en adaptant celles qui ne peuvent être traduites (et il y en a une tripotée). 
On se demandait au cours d’un podcast de Focus On Animation il y a un an de ça, si DreamWorks Animation tomberait dans le systématisme de faire des films A (comme Dragons) et B (comme les Pingouins) et bien on est en plein dedans à l’heure actuelle, le souci étant que les films du studio sont perpétuellement reportés ou échangés dans le line-up, ce qui n’est pas bon signe… 
En sortant de la salle, j’étais bien fatigué à cause de l’intensité du rythme et même si l’ensemble reste bien fun, considérez une vision vidéo, sauf si vos enfants sont déjà raides fans des personnages. C’est réellement un sentiment de trop plein qui reste en tête, un peu à l’image de la musique encombrante et très pompière composée par Lorne Balfe.

Je n’ai rien contre le fait de blinder ce genre de films de gags en tout genre, mais le métrage était ici vraiment trop déséquilibré à mon goût, alors même que l’intensité d’une Grande Aventure Lego ne m’avait pas gêné outre mesure.


■ Les Pingouins de Madagascar   ■ Sorti le 17/12/14  ■ Réalisé par Eric Darnell & Simon J. Smith   ■ Avec les voix de John Malkovitch, Benedict Cumberbatch, Tom Mc Grath…   ■ Durée : 92 minutes