Critique: Rock-O-Rico

Comme vous le savez, j’aime fureter dans l’Internet, trouver des films d’animation moins connus et plus simplement, mettre les yeux sur ceux que je n’ai pas encore vu. Aujourd’hui, je vais vous parler de Rock-O-Rico (1992) de Don Bluth et je vais vous expliquer pourquoi il a fait vibrer ma fibre Rock.

Faisons tout d’abord un point sur l’histoire originale puisque le film est une adaptation libre de la pièce de théâtre satyrique Chantecler d’Edmond Rostand, parue en 1910. Chantecler est un coq fier de ses qualités de chant, il pense qu’il a le pouvoir faire lever le Soleil à la ferme. Il est alors attiré par les Oiseaux de nuit dans un combat de coq, où il prend conscience de l’envie qu’il suscite par son statut.

Rostand ne se remettra jamais du succès de Cyrano et
malgré la brillante écriture de Chantecler, ne renouera pas avec le public.

Il quitte alors la ferme pour se réfugier dans la forêt avec son amoureuse La Faisane qui le convoite. Cette dernière, pour le convaincre de s’occuper uniquement d’elle et qu’il ne fait pas lever le Soleil , lui fait écouter le chant du Rossignol. Chantecler est impressionné mais le Rossignol meurt sous les balles d’un chasseur. Le Coq, avec l’aide de la Faisane, se rend compte de la responsabilité qu’il a envers la ferme de faire démarrer les activités quotidiennes. Il retourne alors chez lui et reprend sa place.

Quatre vingts deux ans plus tard, sous l’impulsion de Don Bluth et de son équipe, David N.Weiss nous livre une nouvelle interprétation de cette histoire, retenant la fable mais la vidant de son contenu politique pour le remplacer par une critique du star-system. En effet, Chantecler, en quittant la ferme pour la ville se retrouve sous l’égide d’un producteur mal intentionné et devient Le King. Il est présenté comme une victime de la célébrité et de la solitude, prisonnier chouchouté dans une cage dorée, qui préfère oublier le complot qui l’a poussé à quitter ses amis.
Et c’est son meilleur ami Patou, un chien appuyé par Edmond, un jeune garçon (que j’évoquerai ensuite) et d’autres animaux de basse cour qui vont tout faire pour le ramener à la ferme et faire revenir le beau temps. On peut y voir un retour aux sources pour notre talentueux héros et le message moral  de la victoire de l’amitié sur le business.
Pour en revenir à la présence du jeune Edmond, il s’agit d’un jeune garçon à qui sa mère lit l’histoire de Chantecler et il est introduit via des passages en film live dans l’animation, juste après l’introduction animée du film. J’ai trouvé le moment bien inopportun car je commençais à m’attacher aux protagonistes de cette histoire. Je reconnais cependant l’utilité narrative de la présence d’Edmond puisqu’il va servir de référent au jeune public. Cette intrusion live reste unique car l’enfant se retrouve transformé en petit chat blanc par Le Grand Duc, leader des Oiseaux de Nuit, et motive la quête de la suite du film, qui s’enchaîne donc naturellement.
Attention : vous pouvez mettre une croix rouge dans le calendrier, je vais plébisciter un doublage français ! Les personnages principaux sont majoritairement interprétés par des chanteurs, avec en tête Eddy Mitchel ( Chantecler) , Lio (Goldie La Faisane) et Tom Novembre (Le Grand Duc). Mr Eddy interprète le héros avec toute l’énergie nécessaire pour porter l’univers Rock du film, Tom Novembre et Lio y contribuent aussi en ajoutant leur patte à cet univers musical. Les chansons remplissent idéalement leurs rôles d’approfondissement des personnages sans êtres redondantes, ce qui est particulièrement agréable.
La mise en scène et l’animation des concerts de Chantecler sont particulièrement réussis, on y suit les mouvements du Coq d’aussi près que dans les spectacles du vrai King dont il est inspiré. Les détails de l’univers ont été très poussés, jusqu’à la reproduction d’un studio de tournage avec fonds peint défilant, comme c’était le cas sur les innombrables pellicules tournées par Presley à l’époque. Cette richesse de l’univers permet de se laisser emporter par le rythme Rock’n’Roll du film.

Je vous empresse donc de vous procurer le DVD au plus vite, pour swinguer avec le Coq le plus Rock’n’Roll de l’animation traditionnelle ! 


■ Rock-O-Rico   ■ Sorti le 24 juin 1992  ■ Réalisé par Don Bluth   ■ Avec les voix françaises d’Eddy Mitchel, Lio, Tom Novembre…   ■ Durée : 77 minutes   ■ Disponible en vidéo