Critique : Blue Exorcist

Ayant subi les tentatives forcément erratiques du service public (diffusions multiples sur la trop méconnue France O, puis 12(?) épisodes de suite sur France 4 en fin de nuit après l’annonce en fanfare des premiers épisodes de l’Attaque des Titans), on ne peut pas dire que la série animée Blue Exorcist ait été épargnée pour son exploitation télévisuelle sur notre territoire, et c’est avec contentement que j’ai pu voir la série à mon rythme sur les rivages plus calmes de Netflix. 

Adaptée du manga éponyme de Kazue Kato par A-1 Pictures, l’anime en reprend la première partie avant de dévier largement afin de proposer sa propre fin ouverte de l’histoire, ce qui a permis de réaliser un film qui peut être perçu comme une chapitre supplémentaire à ce shonen ayant pour héros deux jumeaux démoniaques. 

On se retrouve donc avec une formule shonen éprouvée bête et méchante mais très fonctionnelle, qui jette dès son premier épisode son héros, Rin, dans un monde inconnu, après le dévoilement de son pouvoir et la mort par sacrifice du père d’adoption, aidé dans cette découverte par son petit frère calme en apparence, Yukio qui occupe ici une place d’aîné et d’enseignant pour lui inculquer via les cours de la Croie-Vraie comment devenir un vrai exorciste malgré sa nature d’enfant de Satan. 

Tout un programme pour des histoires qui ne fonctionnent pas qu’autour d’une unique montée en puissance, puisque l’univers mis en scène ici, bien qu’assez vaguement original pour un routard de la japanime, se révèle suffisamment efficace pour poursuivre la vision de la série, qui va habilement se servir de ses personnages au départ bien clichés pour nouer des histoires parfois tragiques, parfois touchantes, mais toujours divertissantes.

Au-delà de la mythologie qui unit les deux frères, la galerie des personnages est très sympathique et permet d’aborder des thématiques d’acceptation des autres sans trop se reposer sur d’incessants combats typiques du shonen, jouant plus sur leurs relations et leurs dynamiques, ainsi l’arrivée tardive de Kuro, le démon totem qui se lie à Rin après avoir été celui de son père adoptif, qui revient sur la grande place qu’occupe le deuil dans la série.

Côté technique, A-1 Pictures (les mêmes qui ont produit l’adaptation hilarante des Vacances de Jésus et Boudha) a fait du bon travail et le look des personnages échappe à la vague actuelle du “tout moe” qui pourrit la japanime depuis un certain nombre d’années. On échappe bien sûr pas aux clichés habituels comme la tsundere (Izumo) ou un personnage féminin bien fan service heureusement compensé par une stature badass qui comble vaguement ce défaut premier.

Le casting de jeunes est heureusement contrebalancé par des personnages secondaires assez tragiques ou complètement débiles, comme le neutre Méphisto Félès,

La série, qui tient en une saison de 25 épisode et un OAV bonus, possède une fin ouverte qui lui est propre, ce qui évite les fillers dégueulasses et opportunistes. Un long métrage est également sorti en vidéo chez Kazé et possède une histoire originale en dehors du fil rouge mais se déroulant après la série. 

Si l’on doit s’aiguiller vers la série, le mieux est encore de la prendre dans l’ordre chronologique, bien que mes épisodes préférés soient à partir du premier tiers de la série, une fois que l’exposition est bien tassée, alternant des monuments de connerie pure comme le filler “Le cuisinier fantôme” et “Le démon des profondeurs” avec le très touchant “Cait Sith” mettant en scène Kuro, la mascotte de la série. 

En définitif, Blue Exorcist ne révolutionne pas la formule shonen, et n’en d’ailleurs pas la prétention. Il se trouve être bien réalisé en tant qu’anime, et vu que la série de manga est toujours en cours, il est fort probable de voir débarquer de nouvelles suites à l’anime que je vous ai présenté ici.


■ Blue Exorcist   ■ Depuis 2011 (série terminée)  ■ Créée par Kazue Kato   ■ Diffusée sur France Télévisions   ■ Avec les voix de Nobuhiko Okamoto, Jun Fukuyama, Kazuya Nakai…   ■ Disponible en vidéo    ■ Disponible sur Netflix : oui