Jackie Chan à Hong Kong

Comme cela fait un bon moment (note de Nicolas : UN AN !!!!) que je ne vous ai pas parlé de Jackie Chan, j’ai décidé de me rattraper avec un film pour le moins curieux. On y retrouve le maître d’arts martiaux en compagnie d’une jeune fille en fleurs, de dauphins, et se faisant défier à la boxe. Rien que ça, je sais : c’est beau !

Jackie Chan à Hong Kong est tout d’abord un film qui subit la valse des titres aléatoires selon les pays où il est distribué. En France, on a gardé la formule “Jackie Chan + un endroit” pour ne pas perturber le public d’habitués, tandis que chez nos amis anglais il se nomme Gorgeous. J’ai une préférence pour ce dernier car il assume plus le côté romantique décalé et over the top du film.

Revenons à notre histoire de romance et de dauphins : Bu, une jeune taïwanaise, rêve du Grand Amour dans sa campagne et passe le temps en parlant du sens de la vie avec son dauphin Abu. Lorsqu’un jour, son mammifère marin lui rapporte une bouteille à la mer contenant une lettre d’amour signé d’un certain Albert. Elle décide alors de se mettre en quête de l’auteur et part à Hong Kong.

Pendant ce temps à Vera Cruz, Jackie Chan est un homme d’affaires blasé qui essaye de faire tourner son usine de papier face à son rival et ami L.W Lo.

L’intrigue fait monter une très grande confusion en vous ? C’est normal : les lignes narratives partent dans tout les sens et il faut un moment pour saisir où le film va nous mener. Il fait aussi preuve d’audace là où l’attend le moins, notamment dans l’écriture des personnages.

Bu, interprétée par une Shu Qi totalement évaporée, apporte de la fraîcheur à l’archétype féminin de la comédie romantique par une franchise parfois désarmante. Elle annonce clairement qu’elle recherche un mec pété de thunes et en joue sans être une damoiselle en détresse.

Un dépoussiérage salvateur mettant l’hypocrisie des comédies romantiques américaines au placard, puisqu’on sait tous que dans Comment se faire larguer en 10 leçons (pour ne citer que ce film) Kate Hudson reste aussi à la fin pour le compte en banque de Mac Conaughey. Mais on dira que c’est de l’Amouuurrr…

Albert, un ami qui vous veut du bien

Le jeu de Shu Qi, quant à lui, passe de crispant lorsqu’elle est seule à intéressant dès que le film lui donne un interlocuteur avec du bagage. On découvre d’ailleurs un Tony Leung plutôt habitué à des costumes sombres (Infernal Affairs) et au sérieux des rôles historiques (Hero) prendre plaisir à jouer le copain gay dans toute son exubérance. Ce contre-emploi apporte du piquant à Gorgeous !

Que serait le grand rival sans ses henchmen ? Rien du tout, et ici c’est particulièrement vrai. Les gros bras chauves qui accompagnent Mr Lo sortent du lot à la fois par leur comique très premier degré, notamment sur les ordres à appliquer et par leurs réflexions très meta sur les combats observés. Ils en deviennent attachant au fil de l’histoire.

Travail terminé ! C’est l’heure de l’apéro !

Jackie Chan, lui, peine à trouver l’inspiration pour incarner le Bruce Wayne des usines de papier, prouvant qu’il est définitivement plus à l’aise dans la pure comédie de combat. Son talent ne tarde pas à rejaillir dès le premier affrontement à la boxe contre Alan, combattant engagé par Lo.

Cet antagoniste est brillamment joué par James Allan Bradley, réputé pour son travail de cascadeur sur Kingsman : Services Secrets et Le dernier pub avant la fin du monde. Pour une meilleure compréhension du combat, Mr Lo explique en voix off les subtilités de la boxe, une attention qui rend le combat final fluide et explosif.

Ce dernier représente une configuration idéale pour faire ressortir le talent des deux challengers. L’arène étant l’usine de papier, elle fait ressortir les silhouettes blanche de Jackie Chan et noire de James Allan Bradley. Un choix esthétique qui permet d’apprécier la rapidité du jeu de pieds mêlée à l’interprétation comique propre à la filmographie de Chan, cet affrontement impressionne et laisse un sentiment de satisfaction non négligeable.

Un plaisir à savourer car le film peine à se terminer. Jackie Chan résout ses affaires avec Mr Lo, Jackie Chan retrouve Bu et Abu dans sa campagne, Jackie Chan déclare sa flamme, Jackie Chan fait une blagounette et tout ça est bien long !

Instant Footloose

Gorgeous est un film débordant d’énergie et de propositions malgré une intrigue principale bancale, on oublie vite la question de Bu et de la bouteille à la mer. Ces manquements sont dû au montage pour la diffusion internationale que j’ai découvert sur Netflix. Mais même sans cette raison, la multiplicité d’histoires donne le tournis.

J’ai apprécié le fait que ce film estampillé Jackie Chan soit un peu comme le réglisse, on lui fait une mauvaise réputation mais il recèle beaucoup d’audace. A essayer pour votre curiosité !


■ Gorgeous AKA Jackie Chan à Hong Kong ■ Sorti le 12 février 1999  ■ Réalisé par Vincent Kok   ■ Avec Shu Qi, Jackie Chan, James Allan Bradley, Tony Leung… ■ Disponible en vidéo ■ Disponible sur Netflix