S’il y a bien un comic book envers lequel je n’avais aucune attente, c’est Miss Marvel ! Laissez moi vous raconter mon agréable surprise.
L’histoire, en quelques lignes : dans le New Jersey, Kamala Khan, une jeune américaine, vit une adolescence normale coincée entre sa famille très présente et ses aspirations personnelles. Un soir de fête buissonnière et alors qu’elle rentre chez elle, Miss Marvel lui apparaît comme en rêve et décide de lui passer le relais.
Kamala se retrouve alors à devoir gérer son rôle de justicière en plus de sa vie normale, ça s’annonce compliqué.
Le personnage de Kamala sort tout simplement de l’ordinaire super-héroïque en étant naturelle dans ses réactions. Elle râle beaucoup, fait beaucoup la gueule et a un sacré tempérament. Ses traits de caractère, qui s’apparentent à des défauts, la rendent terriblement attachante et surtout vivante. J’ai directement accroché à cette adorable impertinente.
Autour d’elle gravite une galerie de personnages aussi intéressant qu’hétéroclites et on retrouve aussi bien le cliché de l’américaine type à travers le personnage de Zoé que Nakia, jeune fille voilée au sérieux qui force le respect. Cet éventail de personnalités permet d’aborder les problématiques de Kamala de façon naturelle, notamment la place de la religion musulmane dans son quotidien.
Gwendolyn Willow Wilson a pris soin de l’intégrer par l’intermédiaire de lieux pivots comme la mosquée, puis par des dialogues entre Kamala et son frère très pieux, Aamir. Il est agréable de voir que le sujet est traité avec une franchise qui permet le développement introspectif de Kamala.
Le style graphique se détache des héroïnes surbustées et surgaulées, on est ici face à un trait volontairement inconstant, propre à l’émergence dans les œuvres maintream de Marvel d’une certaine bande dessinée indépendante. Cette inconstance renvoie aux doutes de Kamala mais s’adapte aussi parfaitement aux pouvoirs qu’elle récupère, à savoir changer de forme aux gré des situations.
Les couleurs utilisées sortent également de la flamboyance super-héroïque pour se diriger vers des nuances aquarellées plus proches du quotidien. Les lieux les plus parcourus sont habillés d’un voile gris qui ternit les couleurs et à l’inverse, dès que Kamala prend la forme de Miss Marvel, on remarque une vivacité des tons due à la confiance et aux changements d’humeur de notre héroïne.
Le lieu de l’action est quant à lui, accrochez vous bien : New Jersey City ! On a tous entendu des blagues dans les séries télé sur le New Jersey, cet endroit où personne ne veut se rendre, que ce soit dans Friends< ou dans les New York (TOUM DOUM) de Dick Wolf. La “campagne” de la grosse pomme est dépeinte par une ambiance de quartier, voire de village où tout le monde se connaît. On peut retrouver cette même atmosphère quoique bien plus sombre dans la saga The Grocery de Singelin et Ducoudray.
Pour ce qui est de l’enjeu dans ce premier volume, Miss Marvel se voit affronter une bande de punks tout droit sorti des années 80, lasers à l’appui, avec aux commandes un grand méchant, l’Inventeur. Un choix cohérent avec l’ambiance de village de New Jersey City, qui j’espère s’approfondira au fil des numéros.
N’ayant pas lu les précédentes itérations de Miss Marvel, cette arche narrative est tout à fait accessible à tous et donne une compréhension limpide de l’univers. La découverte de l’entière Kamala Khan s’inscrit dans le même genre d’initiative que le Batwoman de Greg Rucka et J.H Williams III, à savoir la mise en avant d’un personnage féminin dans toute ses subtilités.
Dans les années 60 apparaissait l’image du super-héros adolescent et innocent à travers Peter Parker, qui n’a cessé d’être décliné depuis. Aujourd’hui Kamala offre une respiration et un renouveau à cet archétype. Une héroïne ouvrant une porte à un public adolescent et féminin qui restait à conquérir et fera bouger le monde du comics dans les années à venir. Je vous invite à vous rendre chez votre libraire préféré et dévorer ce tome 1 de Miss Marvel sorti chez Panini Comics pour les anglophobes.
Si votre bibliothèque est pleine et que vous êtes anglophile, vous pouvez le trouver en dématérialisé sur Comixology ou en import. Vous n’avez pas d’excuses, quoi !
■ Ms. Marvel ■ N°1 – No normal, publié le 4 février 2015 ■ Ecrit par Gwendolyn Willow Wilson et dessiné par Adrian Alphona ■ Publié par Panini, collection Marvel now! ■ 128 pages ■ Disponible sur Comixology en numérique.