Albator, Albator, de bâbord à tribord, tu veilles sur la galaxie… Des paroles du générique chanté par Eric Charden qui hante les mémoires des enfants de ma génération lorqu’on évoque Captaine Harlock, le seul et unique corsaire de l’espace.
Plus connu chez nous sous le nom d’Albator, il est aujourd’hui de retour dans un long-métrage d’animation qui sort dans une combinaison de salles plutôt confortable. Mais qu’en est-il réellement ? Le film vaut-il que l’on rejoigne les rangs de l’Arcadia ?
Pour sa première incursion cinématographique notable, le corsaire de l’espace a été confié aux mains de Shinji Aramaki, un réalisateur capable du pire (l’horrible Starship Trooper Invasion) comme du meilleur (son segment de l’anthologie Halo Legends).
Mais c’est plus dans le domaine de la narration que le film pêche, le budget record de 30 millions de dollars ayant très bien servi dans la forme, très satisfaisante. En effet, le scénario du film pâtit de gros problèmes en cherchant à tirer dans de nombreuses directions au cours de l’heure cinquante de métrage, hélas sans jamais être concluant dans chacun des domaines évoqués.
On approche tour à tour l’intégration d’un nouveau membre de l’équipage, son passé qui comprends des liens avec les antagonistes, le plan nébuleux d’Albator, celui de la coalition Gaia…il y a clairement de quoi s’y perdre et il est curieux que les scénaristes se soient sentis forcés d’inclure autant d’éléments alors que chacun se serait contenté d’une simple épopée de piraterie spatiale.
Encore plus handicapant, le rythme du film alterne flash-backs pesants et dialogues souvent ampoulés qui contiennent de plus un rappel bien surlignés de l’intrigue en cours, aussi obscure soit-elle aux yeux du spectateur.
Pire encore, puisqu’en guise de climax, les scénaristes ont jugé bon d’enfiler les armes ultimes comme des perles, entre hologrammes, canons à lumière neutronique et accélérateurs de gravité qui, s’ils sont très excitant sur le papier, ne font qu’user la patience en raison du traitement aussi rapide que dénué d’enjeux auxquels ils ont droit, toujours doublés par la ruse de notre capitaine.
Et c’est une impression de gâchis qui domine le film : on aurait tant voulu avoir des personnages secondaires attachants et ayant bénéficié d’une histoire de fond au lieu de la galerie de clichés qui nous est jetée au visage, surtout lorsqu’on est obligé de subir celle aussi inintéressante du jeune espion qui infiltre leurs rangs.
Tout ceci donne réellement l’impression que les créateurs du film avaient peur que le spectateur trouve le sujet rebattu, alors que la seule chose que était nécessaire était de reprendre la dominante de la série : de la piraterie spatiale !
C’est tout aussi triste car la thématique de l’idéal d’Albator qui se propage à travers les siècles, ce libre-arbitre, aurait été bien mieux exploitée dans une série télé et non pas au sein d’un film qui tente de montrer qu’il peut tout aborder sans jamais rien faire sérieusement.
Et c’est même la réalisation d’Arakami qui semble bégayer sur la dernière demi-heure, la répétition du fond commençant à contaminer une forme qui ne cherche plus à prendre un angle de mise en scène intéressant, se contenant de recycler les mêmes gimmicks (cape qui flotte, ralenti poseur, plan sur les pieds qui marchent, dont l’axe de vue est à l’identique !) jusqu’à la nausée.
Malgré des qualités esthétiques notables, il est triste de constater que cette nouvelle itération d’Albator s’écroule sous le poids de sa propre ambition. Il aurait simplement pu être un spectacle de haute tenue mais il a fallu que la peur que ce concept de base ne soit pas suffisant vienne nous le transformer en un objet filmique boursouflé, handicapé par des choix narratifs malheureux.
Gageons que le prochain épisode, s’il est décidé qu’il y en aura un autre, saura éviter un tel écueil !