Critique : All You Need Is Kill

Ce n’est pas tout les jours que l’on peut lire la source directe de l’un des prochains films de science-fiction avec Tom Cruise. Évidemment, cette critique comporte certainement des spoilers de l’intrigue du film dérivé, Edge of Tomorrow, qui sortira courant 2014. Lisez donc cette critique à vos risques et périls !
Petit roman de 230 pages écrit par Hiroshi Sakuzaka, All You Need Is Kill nous présente une Terre vaguement futuriste qui mène une lutte contre des envahisseurs venus de l’espace appelés les « Mimics ». Ceux-ci s’étant abîmés dans l’océan lors de leur arrivée, c’est par ce biais qu’ils attaquent les continents pour entamer la xénoformation et préparer le terrain aux futurs occupants.
C’est la veille d’une bataille sur l’archipel nippon que l’on suit Keiji Kiriya, soldat de première classe Japonais lâche et non entraîné, suivre son chemin jusqu’à la confrontation finale où il n’aura l’opportunité que de tuer par chance un seul ennemi et de mourir… avant de se réveiller le jour précédent ! Coincé dans une boucle temporelle qu’il ne comprend pas et dont il ne peut s’échapper, Kiriya décide de devenir le meilleur soldat possible pour gagner la bataille et trouver un moyen d’en finir. 
Si le concept de boucle temporelle est un lieu commun du genre de la science-fiction, c’est bien le point de vue employé par Sakuzaka qui donne une partie du sel à l’intrigue de son roman, puisqu’on épouse intimement durant les trois quarts du livre le point de vue de Kiriya et l’appréhension de sa situation. On voit ainsi évoluer ses rapports avec la galerie de personnages, dont il a, au fur et à mesure, une connaissance aussi approfondie que celui du champ de bataille. 
Dans un style aussi vif que direct qui épouse le mode de pensée de son héros, l’auteur sait jouer sur les caractérisations afin d’épicer l’intrigue en nous présentant l’autre personnage majeur du roman, Rita Vrataski, véritable chienne de guerre dont l’habilité au combat est bien sûr liée directement à ce que vit le jeune soldat. 
Il va sans dire que les passages de bataille sont nombreux, mais toujours différents, ceux-ci évoluant en clarté via la montée en expérience du héros, ainsi qu’au dévoilement de l’intrigue liée à la boucle temporelle. Les amateurs d’exosquelettes trouveront quant à eux leur compte de descriptions détaillées des « jackets » ainsi que de l’armement qui les accompagnent, le tout restant assez peu fantaisiste, rapprochant le récit du genre « real robot ».   
Jouant de la déstructuration liée au dispositif de la narration, Sakuzaka se fend d’un petit schéma compilant les événements des chapitres pour les lecteurs qui peuvent s’y perdre et se permets d’ajouter une réflexion plutôt amère sur la guerre, l’humanité, son rapport à l’environnement et à la force d’invasion, qui a détruit les océans pour constituer ses effectifs de « Mimics ». 
La fin du roman est d’ailleurs satisfaisante, tant dans son message que dans l’évolution des différents personnages, avec une pointe de mélancolie plutôt bienvenue tant il était facile avec un tel postulat de virer dans la fable militariste penchant vers le fascisme. 
Il est facile de comprendre pourquoi Hollywood s’est empressé de s’emparer des droits d’adaptation pour une somme conséquente (on parle d’un chèque qui se chiffre au million), Doug Liman (La Mémoire dans la Peau) se chargeant de la réalisation. Il a amené avec lui le vétéran Oliver Scholl (Independance Day, Stargate, Jumper) au production design. 
L’arrivée de Tom Cruise dans le rôle principal a bien sûr entraîné une réécriture confiée à son proche collègue Christopher McQuarrie (Jack Reacher, le prochain Mission: Impossible) qui a forcément bricolé l’histoire de départ vu l’âge de l’acteur, sans savoir quelles furent les modifications précédemment apportées par Jez et John-Henry Butterworth à la version initiale de Dante Harper
Si l’anglais ne vous refroidit pas, All You Need Is Kill s’avère une bonne lecture de science-fiction, d’autant plus qu’il est disponible en ebook pour un prix assez modique, en attendant l’arrivée en France d’une traduction et du manga dérivé ainsi que du film bien sûr, renommé Edge of Tomorrow, prévu le 28 mai 2014.

Mise à jour du 15/03/2014 : Le roman traduit en français sera disponible chez Kazé dès le 30 avril 2014, puis le manga adapté de celui-ci dans le courant de l’été.


■ All You Need Is Kill  ■ Publié le 21 juillet 2009  ■ Ecrit par Hiroshi Sakurazaka ■ Publié par Viz Media   ■ 230 pages