Jem et les Hologrammes


Après un billet enflammé sur l’adaptation cinématographique de Jem et les Hologrammes, j’ai décidé d’adopter la positive attitude (oui, un peu de Lorie ne peut pas faire de mal !) en me penchant sur le comic-book récemment sorti chez Glénat Comics. 

Cette itération reprend les fondamentaux de la série des années 80 à savoir, on suit Jerrica Benton aka Jem. Guidées par Synergy, un hologramme coloré, elles forment avec Kimber, Shana et Aja le fameux groupe Jem et les Hologrammes. Elles entrent ensuite dans une compétition musicale féroce avec les Misfits, menées par la non moins tenace Pizzazz. 

Grâce à la plume de Kelly Thompson, les deux groupes sortent du formol kitsch so eighties pour débarquer dans une modernité salvatrice. Les héroïnes sont abordées sous un prisme adolescent tout à fait moderne et l’on comprend naturellement autant les doutes créatifs de Jerrica que l’ambition dévorante de Pizzazz. 

Ces femmes se dévoilent au travers de corporalités aussi diverses que variées, ce qui leur donnent une certaine réalité et rend l’identification d’autant plus facile.  D’ailleurs, les tenues des groupes ont évoluées vers une tendance punk et glam rock, tout en gardant cette saveur propre à la série originale au travers de récurrence de motifs étoilés ou émaillés éclairs. On plonge, grâce au fin travail de couleurs de Marià Victoria Robado, dans une exubérance toute assumée de cet univers musical.   

Mais Jem et les Hologrammes, c’est pas un concept niais et guimauve ? Sur ce sujet, je vous arrête tout de suite. Bien sûr, l’amour fait partie de la vie de nos adolescentes, mais ce n’est pas leur raison principale de se lever le matin. Jerrica va entamer une relation timide avec Rio, un journaliste et Kimber redécouvre les émois d’un crush avec Stormer, la parolière des Misfits. Toutes les relations sont révélées avec tendresse et pudeur, n’handicapant pas dans le même coup l’axe principal de narration, situé autour des concerts. 

Misfits VS Jem et les Hologrammes 
Que ce soient les Hologrammes ou les Misfits, elles vivent pour la scène, dont on profite par le biais de multiples splash pages dédiées aux concerts. Les Jems sont englobées de vagues rondes et douces tout en nuances de roses, tandis que les Misfits déchainent le public avec des éclairs vert et violet. Cette approche donne un aspect immersif à un élément aussi abstrait qu’est la musique. 

L’utilisation de ces motifs et la composition de ces splash pages sont aussi le reflet de la dynamique créatives des deux groupes dans sa réception par le public. L’image ci-dessus montre la logique de confrontation et de combat des Misfits, à l’opposé la partie consacrée à Jem et les Hologrammes reflète l’harmonie et l’amusement. 

Si vous avez l’habitude de vous balader sur le site, vous m’avez déjà entendu râler à multiples reprises sur l’abus de nostalgie de l’industrie culturelle actuelle. Ici, je dois dire que cette réinterprétation de Jem et les Hologrammes m’a convaincue de par son traitement pertinent de ses héroïnes et son univers musical funky. 

Dans la lignée de Mon Petit Poney, l’Amitié c’est magique ! créée par Lauren Faust, Hasbro montre une fois encore qu’il est possible de dépoussiérer une licence oubliée en s’adressant à des créatrices de talent. Les journées d’hiver piquantes et froides arrivent à grand pas, alors plongez-vous dans Jem et les Hologrammes !  


■ Jem et les Hologrammes   ■ Paru depuis le 02/11/2016   ■ Écrit par Kelly Thompson, colorisé par Marià Victoria Robado et dessiné par Sophie Campbell   ■ Paru chez Glénat Comics   ■ 176 pages