Bande dessinée : Kanerva sur le pont


Après L’Homme Montagne d’Amélie Fléchais, je me suis intéressée à une curiosité trouvée au rayon littérature jeunesse : Kanerva sur le pont du finnois Petteri Tikkanen. 

A la suite du départ de son père, Kanerva et sa mère doivent s’occuper de sa grand-mère alitée et mourante. Aidée par son meilleur ami Eero, Kanerva décide par tous les moyens de faire vivre à sa grand-mère de merveilleux derniers instants et cela passe par une enquête sur le mystérieux Simeoni, l’élaboration de plans farfelus pour la faire sortir sur la plage… 

Comme l’annonce le résumé, l’histoire ne prend pas de gants avec son héroïne quant à la mort prochaine de sa grand-mère ce qui a un impact direct et cru sur les relations des personnages. En effet, la mère et la fille ont une approche différente de ce que devraient être les derniers moments de la mamie.


La première privilégie le calme et le repos tandis que l’autre est perpétuellement dans l’action et la recherche d’amusement pour le bien de la malade. On peut donc dire que la tension entre elles est plus que palpable. 

L’esthétique de cette petite ville portuaire finnoise se déploie dans des jeux d’aplats prune évoquant le style graphique de la bande dessinée indépendante de Daniel Clowes (Ghost World). Et là, vous vous dîtes : “Mais elle déraille complet ! On est dans de la littérature jeunesse.”

Toutefois, ce rapprochement n’est pas anodin car Petteri Tikkanen (aka Black Peider) est aussi connu pour les aventures dessinées de son alter ego, luchador, et ses reprises musicale en mode métal sur sa chaîne Youtube. C’est cette expérience de l’underground qui transparaît sur Kanerva sur le pont et lui apporte une saveur particulière. 

Le récit est composé en chapitrage alternant entre moments du quotidien et aventures en bord de plage un peu à l’image d’un journal de vacances. Cette structure ludique permet d’aborder la dureté du propos naturellement sans heurter le lecteur dans sa découverte de cet univers. Avec son volume d’une soixantaine de pages, l’histoire se tient sans superflu tout en gardant Kanerva vectrice de l’action.

Ce volume est le deuxième d’une trilogie autour des aventures de l’héroïne mais il n’y aucun soucis à commencer par celui-là, car on suit Kanerva dans l’immédiateté de sa vie d’enfant. Ce choix de l’in situ ne nécessite pas plus d’explications et permet de s’imprégner facilement de l’ambiance.  


Kanerva sur le pont aborde sans fard la vieillesse et la mort avec un graphisme qui ne vous laissera pas indifférent. Donc, si vous vous voulez tenter une expérience différente de la littérature jeunesse, allez-y ! Ce livre peut aussi être le moyen d’aborder des sujets difficiles avec vos enfants de façon plus directe.


■ Kanerva sur le pont   ■ Paru le 09/02/2016   ■ Écrit et dessiné par Petteri Tikkanen   ■ Paru chez les Requins Marteaux, collection Minou Minou    ■ 64 pages