Cinéma : Les Minions

Depuis le premier volet de la saga Moi, moche et méchant vous avez vu les Minions, ces petites gélules jaunes prospérer et s’agrandir tel un ultime argument marketing. Ils sont partout : sur vos tubes de colles, sur des karchers, bref tout ce qui est jaune s’est fait “minioniser”. Mais au-delà de ça, quelle valeur peut bien avoir ce film ?

Comme l’annonce le trailer, on suit la population des Minions à travers le temps, à la recherche du Méchant qui pourra donner un but à leur existence. Seulement voilà, après avoir accidentellement tué plusieurs méchants mythologiques et historiques, ils se retrouvent seuls et déprimés.

Kevin, Stuart et Bob décident de partir en expédition afin de résoudre ce problème et se retrouvent aux Etats-Unis à la fin des années 60. Leur chemin va croiser celui de Scarlett Overkill, une Méchante diaboliquement superbe dont le plan ultime serait de devenir reine d’Angleterre…

La trame narrative se remarque par sa simplicité, ce qui permet de soutenir les gags liés aux personnages des Minions. En effet, la dynamique de l’action repose majoritairement sur leurs échanges dans leur langage si particulier, ainsi que la réaction des humains qui les entourent.

Le film se déroule avec aisance grâce à la profusion des blagues, essentiellement visuelles. L’ayant vu une première fois au festival du film d’animation d’Annecy, j’ai revu Les Minions il y a peu et l’efficacité est toujours présente. On y découvre d’autres clins d’œil et références, ce qui casse l’ennui et montre le soin qu’à apporté Illumination au métrage.

On peut cependant lui reprocher le manque de consistance de l’antagoniste Scarlett Overkill, magnifiquement interprétée par Sandra Bullock. Malgré le dévouement de notre Miss Détective, le personnage se perd dans une quête trop petite pour elle. Une déception pour ma part, une personnalité aussi éclatante que Scarlett Overkill pouvant au moins prétendre à dominer le monde, au moins ! Hélas, c’est bien à cause de cela que l’intrigue s’affaiblit à partir de la moitié du film, un choix dommageable au vu du travail sur les différentes lectures d’humour présentes à la pelle.

D’autant qu’en parallèle, la bonne surprise vient de La Reine d’Angleterre qui est Absolument Fabuleuse. Elle se bat, boit des pintes, fait des bras de fers, je pense que La Reine elle-même a apprécié l’hommage. Dommage qu’on ne la voit pas plus !

Herb, un Anglais qui sent bon l’Earl Grey et les scones !

Au niveau esthétique, Les Minions réussit le pari de créer une galerie de personnages “avec des gueules” autour de nos trois héros. Ce jeu avec la caricature nous donne des anglais qui sont bien des descendants du Prince Charles, une expertise due au travail d’Eric Guillon, entre autres,  en tant que character designer.

Ce spin off assoit d’autant plus la signature graphique d’Illumination, une volonté que l’on pouvait percevoir depuis Moi, Moche et Méchant 2. Cet univers, porté par la musique originale d’Hector Pereira, fait intelligemment le lien avec le reste de la franchise Moi, Moche et Méchant par la réutilisation de thèmes déjà présents.

On se laisse aussi porter par le pétillant hommage au rock anglais de la fin des années 60 comme on se délecte des scènes d’action absurdes sur Mellow Yellow ou My Generation, et vous ne manquerez pas le clin d’œil déjanté à la comédie musicale Hair, le meilleur de tous !

Malgré sa faiblesse narrative, Les Minions réussit à être l’opus le plus distinctif par son aboutissement technique. Cette situation est paradoxale car on ne peut oublier les velléités commerciales de sa création initiale, ce qui en fait un film certes très efficace mais fait pour de très mauvaises raisons.

On remarque toutefois qu’Illumination a choisi de surfer rapidement sur le phénomène, à l’inverse des Pingouins de Madagascar, qui a vu passer deux films (Madagascar 2 et 3) et une série animée éponyme avant de voir le jour. Un bon choix choix stratégique de la part du studio, même si la saturation est bien là et la preuve ultime se jouera donc dans les ventes vidéo du film.

J’ai pour ma part passé un bon moment devant Les Minions. En effet il possède des défauts, mais comme de nombreuses autres comédies animées sorties depuis les dix dernières années, possède une sincérité dans sa conception qui permettra peut-être de le rejuger dans le futur, en dehors du contexte purement commercial dans lequel il a été conçu.


■ Les Minions   ■ Réalisé par Kyle Balda et Pierre Coffin  ■ Sorti le 8/07/2015   ■ 91 minutes   ■ Avec les voix de Pierre Coffin, Sandra Bullock, John Hamm, Michael Keaton…   ■ Disponible en vidéo