C’est après une longue observation des bandes dessinées classées dans notre bibliothèque que je me suis enfin décidé à découvrir les aventures du jeune Lovecraft. Je dois dire que cette lecture m’a beaucoup amusé à la fois par sa dé-complexion et par son utilisation ludique des tropes fantastiques.
José Oliver et
Bartolo Torres ont pris le parti d’aborder l’enfance de H.P. Lovecraft sous un angle à la fois ludique et sale gosse dans l’humour. On apprend ainsi à connaitre un jeune Howie introverti, maladroit avec les filles et travaillé par son ambition précoce à devenir un écrivain fantastique.
Les petites histoires sont présentées avec des comic strips en trois ou six cases à l’image de ce que l’on peut lire dans les journaux. Cette concision permet de construire tout un univers et une galerie de personnages haut en couleurs autour d’Howie, une consistance qu’on connait déjà par l’entremise de Schulz et ses Peanuts.
L’univers du jeune garçon se peuple d’un bestiaire fantastique ( c’est ça de jouer avec le Necronomicon !) mais de Siouxie, une fille directe et aventureuse, possédant tout comme lui un attrait pour les curiosités.
Comme tout bon apprenti écrivain, Howie s’entraîne en créant des fanfictions sur ses auteurs favoris tels que Jules Verne, Robert Louis Stevenson ou Bram Stoker. Autant vous dire qu’il a la main lourde sur le Chtulhu, à tel point que cela prend une dimension burlesque réjouissante !
L’humour devient alors complètement assumé dans son côté méta-littéraire dès lors que Siouxie et Howie rencontrent Edgar Allan Poe. Ce dernier les invite à une soirée où l’on découvre un Baudelaire accro à la bouteille et un Rimbaud en pleine soif de reconnaissance. La situation prend vite une tournure décalée car Howie et Siouxie sont des enfants et font des réflexions à la fois cash et innocentes sur leur aînés.
Le style graphique de
Bartolo Torres se détache par une alliance d’un trait simple et une imprégnation baroque assez puissante, notamment sur les planches des fanfictions d’Howie, qui surprennent par leur profusion de détails. Le contraste des couleurs oscille entre noir et blanc pour les histoires en trois cases, équilibré avec le côté brun terreux et rouge pour les inspirations littéraires de Lovecraft.
Le jeune Lovecraft est une bande dessinée qui prend plaisir à jouer avec la littérature et le fantastique et cela se ressent pleinement à la lecture. J’ai adhéré très rapidement à cet humour décalé et noir, du coup je n’ai qu’un conseil : laissez vous donc tenter par le charme ibérique de cet ouvrage !
La bonne nouvelle est que si vous avez envie de continuer le délire lovecraftien et si, tout comme moi, vous avez déjà lu les trois premiers tomes déjà sortis chez nous et que vous avez fait LV2 Espagnol renforcé au lycée, vous pouvez vous rendre sur le blog et sur la page Facebook El joven Lovecraft pour continuer à profiter des strips !
■ Le jeune Lovecraft ■ Paru le 2 mai 2013 ■ Ecrit par José Oliver et dessiné par Bartolo Torres ■ Paru aux Editions Diabolo, collection Comique ■ 87 pages ■ Trois tomes publiés