Tout au long de la lecture de ce premier volume de Professeur Infini, l’on croise un bestiaire très élaboré de personnages et de bestioles diverses, toutes plus fun les unes que les autres et l’on devine, vu leur interactions, une histoire de fond développée pour chacun d’entre eux, mis qui est ici laissée en vague toile de fond au profit d’une histoire de portails qui menace une fois de plus notre planète bleu, un enjeu un brin rebattu.
On peut également regretter l’absence de problématique quant à la position du héros-titre sur son humanité, qui n’est pas questionnée plus avant comme ça peut être le cas chez Doctor Who… en tant que petit homme bleu, qu’est-ce qui motive encore notre professeur à protéger la Terre ? Qu’est-ce qui motive son ami militaire à lui faire tant confiance ? Autant de question dont les réponses auraient permise d’établir un lien plus fort avec ce petit prof.
C’est d’autant plus prégnant que le dessinateur sait gérer son rythme et sa mise en scène, très carrée et sans temps mort, contrebalancée par une mise en couleur très flashy qui n’a pas peur de l’être, ce qui est une bouffée d’air frais dans une bande dessinée française coincée entre classicisme et tentation du “manfra”.
En conclusion, on se prend à rêver de voir cette fine équipe être projetée et perdue dans des limbes narratives ou chaque tome explorerait une planète/dimension différente avant de retourner sauver une humanité bien insignifiante vu ce que nous laisse miroiter Marc Lataste dans cette première aventure dont l’insouciance rappelle les premiers Dragon Ball, et c’est très encourageant pour la suite, quelle que soit la prochaine destination de cette fine équipe !
■ Professeur Infini ■ Paru le 5 juin 2015 ■ Ecrit et dessiné par Marc Lataste ■ Paru aux Editions Gallimard, collection Bayou ■ 96 pages