Space Adventures Conan

C’est ainsi que l’on pourrait résumer The Chronicles Of Riddick, formule certes un brin réductrice mais pourtant en substance ce que constitue le conglomérat des divers matériaux mis bout-à-bout par David Twohy et Vin Diesel sous l’égide de la Universal.
Richard B. Riddick, c’est tout d’abord une série B de science-fiction très efficace nommée Pitch Black. Signée David Twohy, le film a gagné sa qualification car il rencontra un succès non pas au cinéma mais bien plus tard en vidéo et fut l’un des premiers films qui distinguèrent Vin Diesel dans un rôle marquant (et ce avant le succès de l’inattendue et inégale saga Fast & Furious…).
Riddick, c’est donc également cet acteur si contesté aux muscles saillant et à l’absence capillaire notable. Amouraché du personnage qui lui sied comme un gant, et après le succès foudroyant de Matrix en dvd et son repêchage par la Warner, Universal vit l’opportunité bien légitime de lancer elle aussi sa franchise pour faire route vers le succès, accompagné d’un Diesel bien décidé a asseoir un statut de superstar, comme le fit Schwarzenegger en son temps avec Conan.
C’est donc avec une telle pression que David Twohy s’attela à la dure tâche de ramener à l’écran Riddick, tout en essayant de garder une cohérence avec l’opus précédent tout en développant l’univers dans lequel évolue notre anti- héros via une invasion multimédia : Animation dirigée par Peter Chung, jeux vidéo par Starbreeze, reédition du premier film retitré Les Chroniques de Riddick : Pitch Black, etc.
Première erreur : Anti-héros par excellence, notre Riddick dont les méthodes sont des plus expéditives lorgne plus du coté d’un Snake Plissken que d’un Luke Skywalker, ce que Pitch Black mettait en avant : avant même les monstres autochtones, Riddick se trouvait être inquiétant et était présenté comme celui à abattre, créant un petit suspense délectable dans le premier quart d’heure du film.
Et c’est là que le problème se pose, via Pitch Blackjustement, un film classé R pour sa violence et son personnage principal, plutôt destiné aux 16 ans et plus, capables d’adhérer à son mode de réaction très individualiste.
Cette invasion eut tout de même le mérite d’enrichir la trame narrative de fond du premier film, gardant pour fil conducteur notre chauve préféré, le faisant s’évader via le jeu vidéo préquel Escape from Butcher Bay/Assault On Dark Athena , petit bijou de Starbreeze qui nous pondra ensuite l’excellent et méconnu The Darkness sur les mêmes bases de gameplay.
Attardons nous un peu sur Dark Fury : animé d’environ une heure, il est le pur produit d’une réflexion de publicitaire, reprenant sans vergogne les recettes des Animatrix en engageant l’un de ses auteurs Peter Chung. Notre homme reste tout de même à l’origine de la culte Aeon Flux(l’animé hein, pas le truc avec Charlize Theron…).
Outre le fait que l’on ressent un manque de budget dans l’ouvrage, cet opus ne révèle rien de sensationnel sur Riddick et fait office de tentative ratée, là ou le jeu vidéo permettait une identification totale grâce à son point de vue. Pire : rétroactivement, Dark Fury ressemble assez nettement à Dark Athena, ce qui laisse planer des doutes quant aux capacités de renouvellement des aventures de Riddick.
Passons donc au gros morceau, le blockbuster The Chronicles Of Riddick. Mélangeant avec bonheur diverses influences, le film penche bien plus vers la science fantasy que vers la science-fiction pure.
Le scénario transforme au passage notre héros musculeux en ultime sauveur malgré lui de l’univers, au grand dam d’ une horde de guerriers fanatiques au look ravageur que l’on croirait tout droit sorti des belles années de Métal Hurlant…  
L’esthétique du film lâche d’ailleurs quelques hommages appuyés à Star Wars en présentant des vaisseaux aux formes psychédéliques et des engins étranges aux inspirations baroques et surchargées, tentative audacieuse de faire original dans un paysage fantastique dominé par de trop peu nombreux designers d’effets spéciaux.
Au niveau de l’histoire en elle-même, le film reste très classique, mais c’est à ce niveau que la Universal a fait sa grande erreur. En effet, pensant rentrer dans ses frais en tronquant le film pour les besoins du PG-13, le Riddick version cinéma perd toute une intrigue sous-jacente concernant son passé et sa destinée, le confinant au frontière de l’actioner bourrin et superficiel et le réduisant à quelques répliques ironiques.
S’ajoute à cette imbécillité la coupure de toutes les images violentes et gore qui restituent la brutalité du personnage et l’on touche le fond de tout. Enfin surtout celui du box office qui a vu ces chroniques ne rester que très peu de temps au sommet…
Fort heureusement, le blu-ray  unrated director’s cut répare cette infamie et redonne au métrage ses lettres de noblesse et on se prend à rêver que les exécutifs n’aient rien changé au film, et que celui-ci ait rencontré le succès.
Celui-ci aurait permis d’enchaîner avec la trilogie prévue au départ, ces Chroniques en étant le premier volet et non pas le deuxième comme tout le monde a tendance à le penser. Pitch Black n’étant qu’un prélude, une sorte de mise en bouche présentant le personnage.
L’insuccès demandant de faire certains détours, le bébé de David Twohy et Vin Diesel aura mis du temps à se réaliser après des années d’incertitudes, nécessitant une remise à plat de la trame de départ en faisant revenir Riddick à ses premières amours : chasse à l’homme, équipes de traqueurs flairant la bonne prime et une mise au cachot (définitive ?) des très beaux mais dispendieux Necromongers.  
The Chronicles of Riddick : Dead Man Stalking, fait au prix de multiples Fast & Furious, sera donc une série B de science-fiction classée R, tout comme le fut Pitch Black. La boucle serait-elle bouclée ? Espérons que non, il y aurait tant de bonnes trames bien « pulp » à écrire pour notre Conan de l’espace errant de planètes en système avant de trouver son royaume… 
The Chronicles of Riddick : Dead Man Stalking est réalisé par David Twohy dans lequel on retrouvera évidemment Vin Diesel, Karl Urban mais également Katee Sackhoff, Nolan Gerard Funk, Dave Bautista ou Jordi Mollà.

Rendez-vous la semaine prochaine pour une critique de Riddick ! .