Livre : Miss Peregrine et les Enfants particuliers

Nota : annoncée l’été dernier, l’adaptation cinématographique de Miss Peregrine et les Enfants particuliers ou Miss Peregrine’s Home for Peculiar Children en version originale aura le privilège (ou la malédiction) d’être réalisée par nul autre que Tim Burton ! Voilà qui laisse songeur et va enrichir cette critique du premier livre notable de Ransom Riggs

Il est toujours compliqué d’aborder les romans jeunesse, tant ceux-ci sont utilisés par les grands studios hollywoodiens comme moelle à fabriquer de futures franchises, dans la droite lignée du succès inégalé d’Harry Potter
C’est pourquoi le fait d’apprendre que Tim Burton allait s’atteler à l’adaptation de Miss Peregrine et les Enfants particuliers m’a tout de suite laissé perplexe, le très discuté réalisateur de Big Fish sélectionnant tout de même avec un certain soin ses projets (ce qu’il en fait reste à débattre). 
Mais revenons au livre : on suit la vie de Jacob, jeune homme de seize ans, dont le grand père lui racontait dans sa prime jeunesse des histoires extraordinaires à propos d’enfants qui ne l’étaient pas moins, ainsi que des monstres voulant les dévorer. 
Après les cauchemars, le déni et le lent éloignement qui arrive durant cette période, Jacob ne pense plus à ces histoires…jusqu’à ce qu’il soit témoin de la mort de son grand-père, manifestement tué par l’un des monstres qu’il évoquait durant son enfance. 
L’intégralité du roman, écrit dans un style très facile d’accès et rehaussé de photos et de documents photographiques recueillis par le héros, est un véritable page-turner et il est très difficile de reposer l’ouvrage tant que l’on n’arrive pas à la fin d’un chapitre tant que le mystère n’est pas au moins un brin dissipé…ce qui n’arrive qu’au deux-tiers de l’histoire, le tout avec des retournements de situations bienvenus. 
Enrichies de multiples documents photographiques, les pages illustrées du livres permettent de se plonger d’autant plus aisément dans l’univers fictionnel de Ransom Riggs, certaines images ayant la capacité de s’adresser à l’enfant en soi et aux peurs primaires que chacun a pu ressentir à cette période de la vie.

En définitif, le fond même de l’histoire n’est pas follement innovateur pour peu que l’on lise ou consomme régulièrement de la science-fiction/fantasy, ainsi qu’une métaphore double qui fait penser au traitement des films X-Men avec l’analogie double enfants juifs cachés et le traitement des enfants particuliers, par exemple.

Mais c’est bien l’ambiance et l’habillage spécifique de cet univers qui le rend sexy et attrayant à la lecture, et il n’est guère difficile de détecter dans le projet ce qui a pu plaire à un cinéaste tel que Burton, bien que la fin du roman appelle une suite déjà publié outre Atlantique, et donc préfigure une potentielle saga cinématographique menée par nul autre que lui.

Car le livre est rempli d’allusions visuelles que l’on ne peut s’empêcher d’imaginer dans le style spécifique du cinéaste, certains par une évocation directe à se filmographie, d’autres par un sens de l’évocation scénique qui font directement songer à l’univers du cinéaste.

La première partie du livre, axée sur la mise à l’épreuve de la croyance du jeune héros et sa confrontation au réel, évoque directement les thématiques de Big Fish, ce qui laisse poindre une grande émotion lors de la lecture.

Il ne reste plus qu’à espérer que le talent de Burton soit au rendez-vous, sa dernière expérience en date avec 20th Century Fox n’ayant pas été des plus heureuses (souvenez-vous de sa Planète des Singes) et il toujours possible qu’il trébuche, aveuglé par l’apparente facilité du sujet.

Mais gardons tout de même espoir puisqu’il est secondé dans cette tentative par la scénariste Jane Goldman, qui a fait du bon travail sur les adaptations de StarDust et du premier Kick-Ass.

 En attendant, regardez donc cette sublime bande-annonce réalisée pour la sortie du livre aux Etats-Unis.


■ Miss Peregrine et les Enfants particuliers   ■ Paru le 31 mai 2012   ■ Ecrit par Ransom Riggs   ■ Paru chez Bayard Editions, Hors Collection  ■ 438 pages