Inunaki : Le Village Oublié

Pour Takashi Shimizu, l’un des artisans de la J-horror, la malédiction Ju-On aura été aussi bénéfique que néfaste et après six films dans l’univers de Kayako, les fantômes ne l’auront toujours pas quitté. Preuve en est avec cet Inunaki : Le Village Oublié, reparti avec un prix du jury au dernier festival du film fantastique de Gérardmer et disponible en vidéo depuis le 16 septembre.

Le village d’Inunaki, au Japon, est surnommé ” le Village Hurlant “. Une psychiatre de la région, Kanade Morita, possède un sixième sens, qui la tourmente depuis l’enfance. Un jour, son frère Yuma et sa petite amie décident de jouer à se faire peur, lors d’une expédition nocturne dans le village. Sans le savoir, ils vont réveiller la terrible malédiction qui frappe le village…

Les salles de cinéma étant désormais bien trop frileuses pour distribuer ce type de cinéma de genre étranger hors-USA, le dernier film de Shimizu nous parvient en vidéo par l’entremise du label vidéo Lonesome Bear du distributeur The Jokers. Si le disque ne possède qu’un seul bonus, tout le reste de l’espace disponible est utilisé pour le film même, et c’est tant mieux.

Baigné d’une très belle lumière signée Jun Fukumoto, Inunaki : Le Village Oublié est principalement porté par Ayaka Miyoshi qui joue Kanade, l’aînée de la famille Morita. Son cadet, Yuma, va faire l’erreur d’aider sa petite amie Maya à tourner une vidéo horrifique sur le village abandonné d’Inunaki, les amenant à trouver ledit lieu et d’en ressortir très affectés.

Au point où la jeune fille se suicide peu après, les poumons remplis d’eau… Un mystère de plus pour Kanade, qui possède le don de double vue depuis l’enfance, l’amenant à voir très régulièrement des esprits attachés aux vivants pour des raisons qui ne sont pas toujours évidentes. Ayaka Miyoshi fait un travail aussi sobre que convaincant dans les costumes de cette jeune infirmière dont la prise avec le surnaturel laisse perplexe.

Shimizu l’a bien compris et développe autour d’elle une galerie de personnages dont une grande partie possède un morceau du puzzle, tout en évitant la présence d’un enquêteur afin d’épicer un peu cette recherche, laissant libre court à la spéculation sur ce qui a pu arriver aux habitants du fameux village, la fameuse malédiction et les secrets mêmes cachés dans le sang de la famille Morita.

De même, il profite des décors naturels et montagneux de la préfecture de Fukukoa pour changer le cadre souvent très urbain de la J-Horror, le tout pourvu d’une image dont la granulosité m’a parfois l’aspect des long-métrage ayant lancé le genre fin des années 90, Ring en tête.

Ces petits renvois esthétiques fonctionnement à merveille autour des environnements et des décors, et hélas un peu moins pour ce qui est des esprits du village, dont la post-production a été faite de manière plus moderne. Ce qui est fort dommage quand on constate que l’un des moments majeurs de révélation se fait via la projections d’anciennes images de reportage, mais ca reste l’un des seuls écueils que l’on rencontre à la vision du film.

Inunaki : Le Village Oublié

Qui connait les films de Shimizu sait que le côté un peu fouilli de ses scénarios est dû à un trop plein de personnages, mais cela rend chaque séquence d’Inunaki : Le Village Oublié importante, et demande donc à rester constamment concentré pour pouvoir faire le lien entre tous ce qui est proposé à l’écran.

Certaines séquences un peu chocs sont également le bienvenu, toutefois un peu désamorcées par un mixage sonore qui n’est pas le point le plus fort du film, malgré une jolie musique signée Shunsuke Takizawa et Shogo Kaida.

Etant donné l’arrivée de la saison des citrouilles, je ne peux que vous conseiller Inunaki : Le Village Oublié, en VOD ou en support physique, la copie blu-ray étant parfaite pour profiter du travail de lumière de Jun Fukumoto. Coté bonus, c’est une petite featurette sur la carrière de Takashi Shimizu, laissant toute la place de la galette au principal : le film !


■ Inunaki : Le Village Oublié ■ Réalisé par Takashi Shimizu ■ Sortie vidéo française le 16/09/2020 ■ Durée : 104 minutes ■ Avec Ayaka Miyoshi, Ryota Bando, Tsuyoshi Furukawa…