Film : Catfight

Alors que je préparais nos affaires en vue du festival d’animation d’Annecy, j’avais besoin d’un film pour me donner l’énergie nécessaire pour vivre cette semaine intense. C’est là que je suis tombé sur Catfight, réalisé par Onur Tukel, où deux femmes se déchirent et se cognent avec une violence assez inouïe (je sais que vous avez pensé aux trains, wink, wink).

Veronica (Sandra Oh), mariée à un cadre de l’armement gouvernemental, et Ashley (Anne Heche), artiste fauchée en quête de reconnaissance, se retrouvent face à face lors d’un événement mondain. Alors que l’on ressent les rancœurs d’une discorde passée, les deux femmes se battent violemment, laissant Veronica dans le coma pendant deux ans. A son réveil, elle a perdue tous ses privilèges sociaux, et bien plus…

Sandra Oh et Anne Heche jouent avec justesse cette haine réciproque qu’ont leurs personnages l’une pour l’autre. On les sent vraiment prêtes à tout pour se faire passer un sale quart-d’heure tout en réussissant le défi de maintenir l’objet de la principale dispute secret. On y pense au début du film, puis on oublie vite, pris dans ce sincère déchirement. Je m’explique.

Ce traitement de la violence physique chez des personnages féminins rompt avec l’amitié, le consensus et les petits oiseaux qu’on a l’habitude de voir, où par exemple une mésentente est souvent noyée dans la chantilly, les cupcakes et bien sûr, se termine avec un gros câlin. Veronica et Ashley portent leur rage aux tripes et l’expriment sans chichis, leur visages se déforment avant, pendant et après leurs bagarres, portées notamment de la musique wagnérienne.

Baston au grand air ! C’est bon pour les poumons, il paraît.

Le récit, fortement elliptique, est ponctué par une émission TV où le présentateur annonce les nouvelles du monde, surtout de la guerre, accompagné par un comique péteur en slip. Cette démonstration médiatico-absurde fait écho au conflit des jeunes femmes en y apportant une ironie dramatique à l’humour noir délicieux.

Leur entourage est d’ailleurs le premier à se régaler de leurs malheurs respectifs. Que ce soit Donna (Myra Lucretia Taylor) la gouvernante de Veronica, ou Sally (Ariel Kavoussi) l’assistante souffre douleur d’Ashley, elles mettent juste ce qu’il faut de sel sur les plaies de leurs patronnes pour rendre la situation douce amère. Un régal !

Ce film m’a aussi fait redécouvrir Alicia Silverstone, que j’avais oublié depuis Batman et Robin. Elle interprète à la perfection Lisa, l’épouse baba-cool bourgeoise jamais contente d’Ashley. Elle forme avec cette dernière un couple lesbien ancré dans le quotidien, ce qui est rafraîchissant puisqu’on les voit autant s’aimer que s’embrouiller. La base du réalisme, quoi.

Catfight est un long-métrage au caractère unique car il montre ses héroïnes se révéler par leurs excès intérieurs et physiques dans un monde où la violence fait rage. Ce déchaînement agit comme un exutoire salvateur, envers lequel il est difficile de rester indifférent(e).

Donc si vous avez un coup de mou ou besoin de motivation, matez Catfight !


■ Catfight ■ Réalisé par Onur Tukel ■ Première sortie US le 03/03/2017 ■ Durée : 95 minutes ■ Avec Sandra Oh, Anne Heche, Myra Lucretia Taylor, Ariel Kavoussi,… ■ Disponible sur Netflix