Critique : Star Wars Rebels, pilote “Spark of Rebellion”

Si certains ont poussé un cri de douleur et de surprise lors de la nouvelle du rachat par Disney de Lucasfilm, la première chose qui me vint à l’esprit fut : “Enfin, le vieux va arrêter de faire n’importe quoi avec son jouet !”, car comment on pouvait l’attendre de Robert Iger, ce n’est pas en continuant l’erratique Clone Wars qu’il satisferait les actionnaires assoiffés de dividendes de la souris. 
Exit donc la guerre des clones, la prélogie et un univers étendu bien foutraque qui ne manquera à personne, tant le meilleur pouvait se compter sur les doigts des deux mains, et bonjour aux nouveaux tauliers, qui ont grandi dans les maquettes et les rêves cotonneux d’une galaxie lointaine mais analogique. 
Star Wars Rebels est donc le premier avatar de cette nouvelle appropriation du mythe du vieux George, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ceux qui sont restés et ceux qui ont été embauché pour mettre à bien le gros oeuvre ont déjà plus de suite dans les idées et de moyens narratifs pour raconter cette nouvelle guerre des étoiles ! 
Ainsi Disney XD nous présente sa nouvelle série, supervisée par Simon Kinberg (X-Men First Class, grand ami de Doug “Edge of Tomorrow” Liman) et Greg Weisman (co-créateur de Gargoyles et et producteur de Young Justice, excusez du peu), chargés de faire de cette tête de pont une bête susceptible de maintenir la marque aux yeux des futurs consommat… euh des enfants et des fans, le temps que JJ Abrams nous révèle si la saga va mourir à l’issue du passage d’Episode 7 dans sa tristement célèbre “Mystery Box”. 
Ezra, outre sa tronche bizarre, passera par les mêmes étapes qu’un certain Luke
(mais pas dans le même ordre, faut pas déconner)

Et les gaillards se débrouillent fort bien, comme vous allez le constater : 

L’épisode pilote d’une série est toujours un objet un peu spécial. Coincé entre la volonté de constituer un manifeste de ce que la série peut être, il est parfois à mille lieues de ce qu’elle devient quelques années plus tard, et on ne compte plus le nombre de mauvais pilotes ayant donné naissance à d’excellentes séries et inversement. 
Dans le cas de ce Spark of Rebellion, il répond très exactement au besoin de démontrer la maîtrise de Disney sur le terrain de ce nouvel univers, et c’est mi-amusé, mi-choqué que j’ai pu voir des plans entiers répliqués de la trilogie originale au travers de poursuites, de batailles spatiales et des nombreuses péripéties qui peuplent cette clé de voûte. 
Mais au-delà des easter eggs, des répliques bien senties et des personnages qui nous rappellent pourquoi Han Solo nous a tant manqué depuis 1983, c’est le rythme qui surprend : à la fois léger et grave, fun mais dangereux. C’est une forme d’aventure qui avait disparu avec la prélogie et Clone Wars, où la guerre mangeait une grande partie du fun, qu’oncle George croyait pouvoir ressusciter avec la présence des droïdes ou pire, de Jar-Jar Binks. 
En trois quarts d’heure, le pilote donne la cadence, en “solo-isant” tous ses personnages, en leur donnant cette impertinence que Lawrence Kasdan et Harrison Ford s’étaient amusés à inclure dans Empire Strikes Back et qui faisait tout le sel de cet épisode. 
L’épisode est blindé de plans décalqués sur la trilogie originale, eux-mêmes
calqués sur des images de la deuxième Guerre Mondiale : seal of quality !

La manœuvre peut paraître grossière, mais à aucun moment au sein de l’action l’on ne discute la chose, trop enchanté de suivre des personnages ayant autant de gouaille que de failles, depuis le jedi abandonné Kanan au brutal Zeb, en passant par Sabine et Hera, qui n’ont rien à leur envier question attitude. 

Si Ezra est en fin de compte l’élément le plus faible, c’est car il est essentiellement le référent du public cible, tout comme l’était un certain Luke en son temps. Il est toutefois bien contrebalancé par des antagonistes qui vont du stormtrooper lambda à l’agent Kallus, un impérial plutôt nerveux dont le look un peu rock’n roll tranche avec l’aspect habituel de ce type d’ennemis.

Niveau esthétique d’ailleurs, quelques minutes seront nécessaires pour s’habituer au character design des nouveaux personnages (surtout Ezra), l’animation et la mise en scène étant largement au niveau. On sent que la production cherche à pousser les murs et que l’on aura vite droit à de meilleures scènes, vu la proportion de moment très efficacement storyboardés.

Bien la planète Lothal paraisse un peu vide, elle nous permet d’échapper aux classiques Tatooines et consorts, tout en nous montrant que l’histoire ne se déroule pas au cœur du pouvoir, comme le faisait son aînée. Le décor ne manque pourtant pas de charme et est dans la droite lignée de la volonté esthétique des créateur de la série : pomper les anciens concept arts de  Ralph McQuarrie pour faire plus Star Wars que les originaux.

Une méthode qui fonctionne car si les textures ne sont pas folichonnes, l’aspect usé et délavé du production design met tout de suite dans l’ambiance, rehaussé par une musique signée Kevin Kiner qui reprend avec brio certains thèmes musicaux de John Williams.   

On voit assez peu Hera dans ce pilote, mais c’est elle le boss, c’est indiscutable.
Même Han Solo viendrait pas la chercher. 

C’est donc avec un a priori positif que je vais poursuivre la vision de Rebels, tout en sachant que l’épisode deux possède son lot de guest-stars, celles-ci n’ayant pas fait que des heureux dans la précédente Clone Wars.


■ Star Wars Rebels S01E00 – Sparks of Rebellion (Prémices d’une Rébellion)
■ Diffusé le 3 octobre 2014 sur Disney XD   ■ Ecrit par Simon Kinberg  
■ Réalisé par Steward Lee et Steven G. Lee   ■ Durée : 45 minutes