Critique : Spy

Spy est une comédie d’espionnage qui me faisait de l’œil dès sa sortie en salle le 17 juin. Du coup, après le festival d’animation d’Annecy, avec Coralie, amie et collègue sur Focus On Animation, nous avons profité de la fête du Cinéma pour nous payer une bonne tranche de rire et nous n’avons pas été déçues, laissez-moi vous dire pourquoi !

Pour la petite histoire, Susan Cooper est l’assistante dans l’oreillette du séducteur agent Bradley Fine. Quand ce dernier se fait tuer par la cruelle Rayna, Susan décide de devenir agent de terrain afin d’accomplir sa vengeance.

Jude Law, un parfait espion version odieux connard

Le personnage de Susan Cooper se découvre par couche et sait se faire apprécier par les différents niveaux d’humour utilisés dans le film. Paul Feig a su utiliser les clichés affublés aux ménagères pour mieux les déjouer, comme par exemple la patronne Elaine Crocker qui donne tout au long de sa mission des identités sécrètes à la fois désuètes et ridicules comme « la femme aux chats » ou « la championne de tricot » à notre héroïne.

Cette provocation donne à Cooper le déclic pour devenir un agent surpassant ses homologues masculins en tout point. Melissa McCarthy possède l’envergure donnée par son rôle et donne le tempo dans les échanges épicés avec Jude Law ou Jason Statham. On parle souvent de la trempe comique de Will Ferrell, Ben Stiller ou Steve Carell, Melissa McCarthy nous montre dans ce film qu’être une actrice et tenir un projet, c’est possible et jouissif à regarder.

Spy est donc mené par Susan Cooper, mais pas que ! Toutes les féminités y sont représentées. On y voit le quotidien de bureau pas glamour du tout des assistantes et l’une d’entre elle, Nancy, aussi fan de 50 Cent, s’invite dans l’aventure. Avec Susan, elles questionnent le rôle d’agent de terrain par des remarques cinglantes et n’hésitent pas à mettre le foutoir dans le catalogue des tropes des films d’espionnages.

Notre agent fraîchement promue développe aussi une relation basée sur l’attraction-répulsion avec la machiavélique Rayna, du coup si vous avez une idée de l’amitié féminine ancrée sur la politesse et les petits oiseaux, passez votre chemin ! Susan et Rayna s’envoient leurs quatre vérités sans prendre de pincettes, en égratignant au passage le cliché de la belle gosse des James Bond. Ce parti-pris original apporte du piment et donne une saveur nouvelle aux comédies d’espionnage.

Pour ce qui est des agents masculins, Jason Statham en tant que Rick Ford se taille la part du lion en interprétant un espion complètement cramé du cerveau, vantard mais tellement bête. On voit que l’acteur prend plaisir à être dans la caricature, ce qui le rend attachant. Les échanges avec Cooper en sont d’autant plus savoureux que leurs personnages possèdent un tempérament flamboyant.

Si vous avez l’habitude de traîner dans les parages, vous savez que j’attache de l’importance aux scènes de combat. On retrouve le soin apporté aux personnages dans les chorégraphies, ces dernières jouent des accessoires avec une inspiration hongkongaise (particulièrement Jackie Chan). La scène m’ayant le plus marquée implique une cuisine exiguë et un poêlon, je ne vous en dis pas plus, il faut voir ça dans le film.

Quand Jason Statham dit, IL DIT #INTENSITE

Ces actions sont portées par une musique de Theodore Shapiro, citant de temps à autre les James Bond, elle n’est cependant pas remarquable et agrémentée de morceaux pop totalement dispensables. Elle aurait mérité d’être plus travaillée en poussant à fond le côté décalé et pour être honnête, c’est la première chose que j’ai oublié en sortant de la séance.

Spy est un film délicieusement malpoli qui n’hésite pas à bousculer les tropes de l’action et de l’espionnage. Malgré ses petits défauts, j’ai passé un agréable moment et j’ai ri à m’en faire mal aux côtes, on peut le considérer comme l’autre côté de Kingsman : Services Secrets avec une volonté de surprendre jusqu’au bout.

Après l’annonce du reboot de Ghosbusters j’étais au départ sceptique, plus par le fait que ce soit un énième reboot que par son côté féminin. Après le visionnage de Spy, je fais toute confiance à Paul Feig pour insuffler la folie et l’impertinence nécessaire à en faire un film intéressant. Aussi, il a montré au travers de son travail qu’il sait s’entourer d’acteurs issus de la scène humoristique britannique comme Peter Serafinowicz ou Miranda Hart en plus de ceux issus du Saturday Night Live.

Remarque liminaire : apprendre que Chris Hemsworth (aka Thor) interprétera Kevin, le secrétaire de ses dames m’a mise en joie, j’attends le premier teaser avec une certaine impatience.   

Au final, Spy est mon premier film de Paul Feig au cinéma et j’en redemande ! (ça tombe bien, il y en a rattraper)
     


■ Spy  ■ Réalisé par Paul Feig   ■ Sorti le 17 juin 2015  ■ Avec Melissa McCarthy, Jude Law, Jason Statham… ■ 122 minutes