Critique : Les Amants Électriques

Note : “Que vous arrive-t-il ? Où est passé l’idée de réfléchir longtemps à une oeuvre avant d’écrire sur son sujet ?” NE VOUS INQUIÉTEZ PAS. 

Nous n’avons pas oublié, et si vous pouvez déjà trouver la critique du nouveau film de Bill Plympton sur ce site : j’ai eu la chance de voir le film il y a quelques semaines en même temps que Madmoiselle Murieta, qui l’a critiqué sur Focus on Animation. Ce texte n’est donc pas l’objet d’un changement de politique, nous ne chasseront pas le clic avec de la news débile que vous trouverez ailleurs en mieux (ou pire, c’est selon).
Bill Plympton et moi, c’est une histoire qui dure depuis quelques temps. Depuis la vision de L’impitoyable Lune de Miel sur Arte lors d’une semaine consacré au Festival d’Annecy il y quinze ans de ça. Madmoiselle Murieta et moi étions dans la salle de cinéma pour voir Des idiots et des anges. C’est du coup tout à fait naturel que Les Amants Électriques soit l’une de nos six attentes animées de cette année, ni plus ni moins. 
L’homme est prolifique (son projet projet avec au scénario Jim Lujan est déjà en bonne voie !) et nous présente ici son interprétation d’une histoire romantique, pleine de sexe, de sentiment et de fureur. 
Pensez donc : Jake, beau gosse travaillant dans une station-service, tombe par hasard sur Ella, jeune fille sensible au caractère bien trempé. Après une péripétie à base d’auto-tamponneuses, un couple se forme, au grand désarroi de la gente féminine qui ne cesse de rôder autour des abdos saillants de Jake, au point de le manipuler afin qu’il quitte la femme de sa vie, laquelle ne va pas en rester là…
Niveau forme, l’on reste en terrain connu lorsqu’on connait un minimum l’artiste : caricatures réjouissantes, gags à la fois tendres et triviaux, les personnages comme les décors dégoulinent littéralement de la signature de Plympton, et voir cette hystérie cartoonesque s’emparer des lieux communs de la comédie romantique est une réjouissance de chaque instant. 
On retrouve également la verve de l’artiste pour le burlesque, que ce soit dans les rapports physiques ou émotionnels qu’entretiennent les personnages, toujours tendus dans une posture extrême, à l’image de la fuite en avant très James Dean qu’opère Jake, qui tends également vers une variation hilarante d’un épisode de Bib-Bip et le Coyote. 
Si Plympton scénariste est indéniablement inférieur au Plympton animateur, c’est cet accord entre la fausse simplicité de l’histoire et la puissance du trait de l’artiste qui provoque la réussite de l’émulsion qu’est Les Amants Électriques et il sera intéressant de voir ce que donnera la combinaison de talents qu’est le projet Revengeance, où Plympton donnera vie aux mots d’un autre. 
Comme à chaque métrage, la musique est ici fort bien choisie et agit à la fois comme dans les comédie romantiques mais également comme une subversion du genre en n’hésitant pas à souligner des scènes de sexe qui en ferait rougir plus d’un puritain.

En conclusion, ce dernier long-métrage est une véritable réussite pour notre indépendant préféré et s’ajoute à une filmographie qui passe par tous les genres sans pour autant s’ancrer dans une stylisation trop radicale, faisant de ces Amants Électriques l’une de ses œuvres les plus accessibles pour le grand public.

C’est pourquoi je vous encourage vivement à aller voir le film dès sa sortie le 23 avril, tant le nombre élevé de sorties en cette période printanière pourrait le pousser hors de l’affiche trop prématurément malgré l’excellent travail d’ED distribution, notre pourvoyeur national de Plymptoons. 


■ Les Amants Électriques   ■ Sorti le 23 avril 2014   ■ Réalisé par Bill Plympton ■ Avec les voix de Sophia Takal, Jeremy Baumann, Alex Markovitz…
■ Durée : 76 minutes