Le Règne du feu

Parfois, on tombe sur des films complètement par hasard. Des films qu’on avait pas revu depuis leur sortie cinéma, comme Le Règne du feu, vu en l’an de grâce 2002 pour échapper à la braderie du centre ville et profiter d’une série B post-apocalyptique impliquant des dragons ? Que demande-t-on de plus lorsqu’on a 18 ans ?

Douze ans plus tard, Muriel se laisse convaincre de revoir le film au détour de sa diffusion sur l’épouvantable D8, en version française, entrelardé de publicités trop bruyantes et trop longues et dans une définition plus que douteuse (merci le flux légal d’orange). Pour faire court, c’était vraiment l’épreuve du feu (uhu).

Rétrospectivement parlant, le film possède un défaut de taille : il a été réalisé par Rob Bowman, qui nous a gratifié du très naze Elektra avant de retourner à la télévision. Il n’était pourtant pas aussi mauvais à cette époque-là, sortant du demi-succès du premier long métrage X-files – Combattre le Futur et très confiant aux commandes de ce projet pour lequel a été réuni un casting que l’on considérerait aujourd’hui comme impressionnant.

Pensez donc : Matthew McConaughey, Christian Bale et Gerard Butler se partagent la vedette, secondés par l’ex-bond girl Izabella Scorupco, pour lutter contre la domination de dragons ayant émergé d’un chantier londonien pour ravager la Terre durant plus de vingt ans !

Ajoutez à cela le traitement très terre-à-terre du récit, et vous avez un film dont les reins sont plutôt solides malgré quelques petites fioritures dans son scénario (comme le personnage de Quinn joué par Bale, qui est directement lié à l’émergence des dragons, son père ayant travaillé sur le chantier du métro qui a vu leur libération…) mais pourtant rien de bien grave face aux quelques scènes assez spectaculaires où nos personnages affrontent les bestiaux.

Si nos réfugiés britanniques vivent dans la peur des monstres et on élaboré toute une routine au sein de leur citadelle moyenâgeuse, ce n’est pas le cas de ces bourrins d’américains menés par Van Zan (McConaughey, qui prouvait déjà son art de la transformation et son talent avant Mud, True Detective et j’en passe), un cinglé au crâne rasé et au torse saillant tatoué des fameux lézards, dont la présence n’aurait pas dérouté dans un épisode de Mad Max.

Accompagné de ses hommes qui chassent la menace depuis un hélicoptère, Van Zan compte bien trouver la source du fléau, ce qui explique sa présence aux alentours de la citadelle, retranchement humain le plus proche de ce qui reste de Londres. Autant dire que la confrontation avec Quinn va être tendue…

Le reste du film est au diapason : les dragons, majoritairement en CGI, sont très beaux et leur conception a été correctement pensée, ce qui est plus dans leur rendu et dans leur physicalité dans le cadre. Les quelques cadavres que l’on croise font de très beaux props que les équipes n’ont pas hésité à salir afin de conserver cet aspect poussiéreux caractéristique de l’univers du film.

On peut d’ailleurs considérer que sur le papier, le film a obtenu son feu vert grâce à une scène particulière, que nul n’avait jamais vu et qui n’a jamais été revue depuis : celle des chasseurs de dragons héliportés, tombant en chute libre pour jeter un filet sur la créature tandis qu’un autre de leur comparse joue les appâts.

Cette séquence peut justifier à elle seule la vision du Règne du Feu, si le film n’avait pas rassemblé les qualités précédemment énoncées.

Il est toutefois dommage que le dernier tiers de l’histoire se focalise sur l’extermination expresse du fléau grâce à un plot device assez malvenu, qui fait intervenir une hiérarchie à base d’insectes dans l’organisation des dragons, qui permet de faire terminer le métrage sur une note positive…ce qui n’était pas nécessaire !

Au lieu de tenter sa chance chez les super slips, Rob Bowman aurait dû continuer à gratter cette veine si particulière d’un cinéma bis au lieu d’aller se fourvoyer dans des produits moisis comme Elektra, car il avait l’opportunité à cette époque de se placer dans un créneau assez prestigieux aujourd’hui disparu car laminé par les innombrables vagues de nanars destinés à la vidéo… Pauvres dragons !


■ Le Règne du Feu ■ Sorti le 21 août 2002 ■ Réalisé par Rob Bowman
■ Avec Christian Bale, Matthew McConaughey, Gerard Butler, Izabella Scorupco… ■ Durée : 102 minutes ■ Disponible en vidéo