Kung Fu Panda

Pour les vingts ans des studios Dreamworks, j’ai décidé de revenir sur Kung Fu Panda, un film que j’ai découvert sur le tard lors de sa diffusion télévisée. Puis je l’ai revu il y a peu en Blu-ray, chose qui m’a permis de cerner encore plus ce qui me plait dans ce film.

On y suit Po, un jeune panda maladroit et fan des Cinq Cyclones, les maîtres de Kung fu protégeant la Vallée de la Paix, où se trouve le petit restaurant de nouilles dans lequel travaille notre héros.

Lors de la célébration annuelle, il se retrouve désigné par le Grand Maître Oogway comme étant le Guerrier Dragon, ce qui provoque la confusion au sein des Cinq Cyclones. Po va alors devoir s’entraîner pour prouver sa valeur et protéger la vallée de la vengeance de Tai Lung, un Maître déchu.

Le film repose sur l’accomplissement du héros, Po, qui par sa maladresse naturelle suit un entraînement long et douloureux pour devenir le Guerrier Dragon espéré de tous. Durant ces épreuves, il rencontre ses idoles : les Maîtres Tigresse, Mantes, Vipère et Singe qui dans un premier temps le dédaignent, tout comme Maître Chifu, leur leader et professeur.

La relation entre Po et Chifu apporte du sel à l’accomplissement de notre protagoniste, car les personnages veulent tout deux sortir d’un passé qui les a figé dans une certaine image, ce qui va se faire non sans confrontation !

Chifu est tout d’abord présenté de manière négative et retorse, il n’hésite à pointer les défauts de Po devant les Cinq Cyclones, personnages qui ne sont pas non plus laissés de côté dans l’histoire et qui aident Po à comprendre le difficile caractère de leur aîné .

Ce traitement tout en nuance dénote de la vision classique que l’on a du Maître d’art martiaux, souvent manichéenne. Chifu a la liberté de se montrer piquant envers Po pour ensuite révéler son véritable caractère . La grande force du film se situe dans le fait d’associer chaque personnage à une trajectoire qui lui est propre sans perdre de vue l’enjeu global.

Le destin de Tigresse se révèle être d’égale importance que celui de Po, car elle est la plus assidue et la plus douée ce qui induit une concurrence entre nos deux protagonistes, comme un miroir du passé.

L’entrainement de Po et ses combats sont un moyen de montrer les différents styles de kung fu que l’on retrouve dans le cinéma d’arts martiaux. La technique du panda, développée à partir d’ustensiles de cuisine est un hommage aux films de Jackie Chan, qui prête aussi sa voix au Maître Singe. On peut également associer les mouvements de Tigresse à un kung fu de poings que l’on retrouve dans les films de Donnie Yen, notamment IP Man.

La mise en scène des chorégraphies, quoique moins dynamique que celles vues dans les films de la Shaw Brothers, permet une introduction claire et agréable à l’univers des arts martiaux pour un public néophyte.

Chaque espace est exploité pour mettre en valeur les différentes techniques : le temple d’entrainement des Maîtres en est la parfaite illustration. Sa structure répartit les personnages par spécialité de combat, on ne peut ainsi que penser à La 36ème chambre de Shaolin, film qui expose chaque technique jusqu’à ce que le héros trouve celle qui lui est propre.

La mise en scène et la photographie permettent à des scènes tout autant subtiles et percutantes visuellement d’émerger, je pense notamment à la séquence d’évasion de Taï Lung qui se déroule dans un contraste violent de rouge et de noir.

Le travail effectué par Raymond Zybach sur le film est d’ailleurs à l’époque précurseur de la démarche artistique suivie par DreamWorks Animation que l’on découvrira sur Dragons et sur Les Cinq Légendes. Cette valeur ajoutée fera partie des incontournables attentes du public sur leurs futures sorties de longs métrages.

La musique, quant à elle, habille le film efficacement grâce à la collaboration entre Hans Zimmer et John Powell, l’équilibre entre ces compositeurs se fait dans l’hommage aux sonorités asiatiques comme les percussions et les cordes assez pointues. Elle garde des notes héroïques propre au compositeur allemand, sans tomber dans le pastiche. Cette bande originale fait partie des mes favorites car elle se laisse écouter avec plaisir au quotidien.

Kung Fu Panda est un film qui résiste bien au temps, il est pour moi meilleur que le second épisode qui lui se place plus sur le registre de l’action au détriment des personnages secondaires (ceci sera bien sur l’objet d’un autre article). Je vous encourage donc à le voir ou à le revoir en espérant vous avoir donné envie de le redécouvrir.

■ Kung Fu Panda ■ Sorti le 9 juillet 2008 ■ Réalisé par Mark Osborne et John Stevenson ■ Avec Jack Black, Dustin Hoffman, Angelina Jolie, Jackie Chan… ■ Durée : 90 minutes ■ Disponible en vidéo