Jurassic World

On ne peut pas s’appeler Grawr et ne pas parler du dernier film plein de dinosaures sorti en salle : Jurassic World. Si c’est moi qui écrit pour vous aujourd’hui, c’est que le cœur de Nicolas a un peu trop fondu devant cette animalité préhistorique.

Vu #JurassicWorld, qui correspond en gros à la suite que je me faisais en 1993 avec mes figurines JP. J’avais 9 ans. #old

— Nicolas (@nbufr) 28 Juin 2015

Revenons à nos dinosaures : Zach et Gray, deux gamins, sont envoyés une journée à Jurassic World pour retrouver leur tante et boss du parc Claire, le temps que leurs parents règlent dans leur dos leur divorce (car n’est-ce pas ce que font des gens responsables ?).

Le Parc est donc ouvert…

L’immersion dans l’immensité de Jurassic World se fait assez naturellement, la réalisation aidant à se repérer facilement entre les divers les points nerveux de la narration qui vont s’ouvrir à nous. On passe ainsi de l’allée centrale garnie de boutiques à des endroits plus sauvages où se côtoient touristes et dinosaures.

On perd cependant cette intelligence de la spatialisation au fur et à mesure du film, qui se déporte sur un aspect bien moins réjouissant : les personnages.

Chris Pratt qui court comme une pucelle qui a fauté dans un slasher ? Jurassic World !

L’intrigue qui se déroule sous nos yeux est alors simple, les scientifiques ont secoué un peu trop fort leurs éprouvettes et en ressort un super méga féroce dinosaure, dont les pouvoirs issus de ses gènes n’égalent que sa capacité à se comporter comme Jason Voorhees.

Cela aurait pu être un régal régressif si on ne nous avait pas servi une nostalgie lourdaude à chaque recoin du parc, entre la musique qui cite Papy John Williams même quand ce n’est pas nécessaire et les gadgets “dissimulés” gratuitement un peu partout, il suffit. J’ai pensé qu’on verrait le Dr Malcolm fossilisé dans un coin, à force d’insister.

Un constat décevant pour le film qui ne trouve pas sa propre identité avant sa deuxième moitié, mais s’en sortent dans ce marasme le personnage d’Henry Wu, scientifique rescapé du film original (B.D Wong est toujours excellent, toujours.) et Hoskins, aka Vincent D’Onofrio, haut gradé opportuniste d’INGen (oui oui, l’entreprise débile du Monde Perdu). Le premier montre toute l’ambivalence à travailler pour la science dans un contexte où l’économie prime et le second est juste diaboliquement diabolique et joué avec délectation par son acteur, qui se fiche d’être aussi archétypal.

Des dinosaures qu’on ne vous montrera pas ici de près car les CGI en photo c’est laid ? Jurassic World !

Tout le monde ne s’en sort pas aussi bien, hélas…

Le personnage de Claire, interprétée par Bryce Dallas Howard, avait du potentiel par son envergure sur la gestion du parc. Hélas, elle est écrite avec la délicatesse d’un tracto-pelle et se prend des leçons de vie aussi bien de ses subalternes que du patron, le tout sans bouger un cil de rébellion.

C’est sans compter les injonctions à la maternité qu’elle encaisse à tout bout de champ ! Ça faisait longtemps que je n’avais pas vu un personnage féminin aussi mal servi, sans compter les films de Michael Bay (ce serait de la triche!).

Par contre, je veux bien l’adresse de son magasin de chaussures. En effet, Claire court en talons aiguilles aussi bien à travers la foret tropicale que le parc pour retrouver ses neveux. Je pense qu’elle possède des Louboutins en kevlar, ça doit être son arme secrète. Pour ne pas arranger la situation, ses homologues féminines ne remontent pas le niveau : la mère de Zach et Gray est une vraie pleureuse, l’assistante de Claire est carrément non-exploitée et les autres me direz-vous ? Il n’y en a aucune.

Bryce Dallas Howard obligée de promouvoir la consistance de son personnage tout nul ? Jurassic World !

Rassurez-vous il y a une parité dans cette écriture chaotique : Owen, dresseur de raptors de son état, est un personnage qui respire le MÂLE, il a beau être employé du parc mais c’est lui qui sait tout et dirige l’action. Le pompon sur la pomponette étant qu’il se permet de faire des remarques sur la situation familiale de sa patronne, mais de quoi je me mêle, mec !

Le plus dommageable c’est de voir Chris Pratt sortir les rames pour interpréter un pseudo-mauvais garçon…n’est pas Harrison Ford qui veut. Je l’ai trouvé plus attachant dans le rôle de Peter Quill dans les Gardiens de la Galaxie, qui était un parfait loser magnifique et pas cet espèce de GI Joe à l’humour vaseux.

Les seuls qui surprennent vraiment sont les deux jeunes acteurs, Ty Simpkins et Nick Robinson, qui bénéficient d’un temps de présence à l’écran assez réduit et ont des réactions assez cohérentes avec leur situation émotionnelle et les péripéties qui rythment leur survie.

Des gamins qui gueulent et qui ne sont pas les pires persos du film ? Jurassic World !

Jurassic World est un film médiocre et blindé de défauts, mais le plus étonnant est que j’ai réussi à prendre plaisir à le regarder. On touche à ce contentement gras du divertissement qui s’accorde très bien avec de la bière et des chips, puis on atteint ce Graal d’absurdité contenu dans les productions Asylum (Mega Shark vs Crocosaurus, on pense à toi ! Big Up !) dans l’affrontement entre dinosaures gentils et méchant qui en veulent à nos héros idiots.

Je vous le conseille, uniquement si vous ne tenez pas trop à votre doudou dinosaure et qu’il y a cette déviance “Roger Cormanesque” en vous. Sinon, passez votre chemin, la vidéo fera l’affaire !


■ Jurassic World ■ Sorti le 10 juin 2015 ■ Réalisé par Colin Trevorrow ■ Avec Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, BD Wong, Vincent d’Onofrio… ■ 125 minutes ■ Disponible en vidéo et streaming