Critique : Bob l’éponge – Un héros sort de l’eau

J’attendais avec impatience le retour de Bob l’éponge sur grand écran après une absence de dix ans depuis le premier film. Bob l’éponge, c’est pour moi le souvenir de nombreux après-midi à manger des cochonneries devant des épisodes plus déjantés les uns que les autres. J’en espérais donc beaucoup.
L’histoire est simple : On a (encore) volé la recette du pâté de crabe.
Oui, cela ressemble au scénario des trois-quarts des épisodes de la série et c’est normal. Le film s’amuse à tordre son concept original à son maximum, à tel point que cela peut provoquer une gêne chez le spectateur. Il change tout d’abord le couple de protagonistes et au lieu de l’éternel binôme Bob l’éponge et Patrick l’étoile de mer, on découvre Plankton, le méchant séculaire, en tant que partenaire d’aventure.
Bob et Plankton vont devoir apprendre à se connaître et ont à leur charge de faire avancer l’intrigue. Laissez-moi vous dire qu’entre la débilité naïve du premier et l’esprit platement machiavélique du second, ce duo va vous balader de voyages dans le temps en chansons niaises, le tout sur des motifs graphiques que les années 70 voudraient bien récupérer, merci. On nous offre même un aperçu intérieur de l’esprit de Bob et je vous préviens : on en sort pas indemne.
Plongez dans le monde intérieur de Bob (Concept art par Aurore Damant)
J’ai aimé me faire malmener par le récit de cette manière, j’y ai retrouvé la patte de Stephen Hillenburg pour l’humour absurde et la saveur des premières saisons de la série. Étant amatrice de stoners, le délire total et assumé m’a particulièrement amusé. En effet, les blagues se situent entre du H2G2 : le guide du voyageur galactique et du Epic Rap Battle of History (ce qui n’est pas anodin puisqu’ils ont travaillé sur le film), le tout parsemé des habituelles références à la pop culture.
Seule la dernière partie du film ne m’a pas vraiment secouée, la communication étant principalement centrée sur la transformation de nos héros en 3D et en super-héros, une fois qu’on y arrive, cela n’a plus rien d’excitant. J’ai trouvé que la forme super-héroïque n’apportait rien à la team saveur des Mers. Antonio Banderas est bien le seul à tirer son épingle du jeu à ce moment là, on voit qu’il s’amuse comme un petit fou dans le rôle du pirate Steak Barbare.
Et l’animation, alors ? Ouiiii, Capitaine ! 
Une chose encore oubliée par la promotion, c’est que vous découvrirez un Bob l’éponge essentiellement conçu en animation traditionnelle. On retrouve d’ailleurs au travail sur le film l’équipe d’animateurs des trois premières saisons de la série, une filiation qui permet de préserver le côté cartoony  et élastique des personnages. 
On peut notamment découvrir les visages de Bob et ses amis complètement distordus et fun au travers de la patte de Robert Ryan Cory, dont vous avez pu voir récemment le travail dans la série Souvenirs de Gravity Falls.
Ayant vu le long métrage en relief, j’ai apprécié de redécouvrir l’univers de Bikini Bottom sous cet angle. La stéréoscopie m’a apporté une immersion des plus jouissives, surtout sur les délires entre Bob et Plankton. Cependant, je conçois parfaitement que cela puisse rendre la séance perturbante sur de l’animation traditionnelle, n’est-ce pas Nbu ? (note de Nbu : gnagnagna.) 
La musique de John Debney (Iron Man 2, Kusco l’Empereur Mégalo) maintient l’ambiance propre à la série sur la partie en animation traditionnelle du métrage et même si elle est remarquable, elle égale la folie présente à l’écran. Par contre, sur la partie en numérique elle devient envahissante, ce qui gâche un peu le visionnage : une surcompensation due à la prévisibilité de l’intrigue, peut être ?
Le seul atout du numérique : découvrir la trace de bronzage sur les fesses de Patrick.
Heureusement que N.E.RD., le groupe de Pharrell Williams, s’est fait plaisir en composant des chansons qui vont donneront envie de vous poser au bord d’une plage les doigts de pieds en éventail. Pour changer de la bande annonce, je vous propose d’y jeter une oreille à la fin de cette critique.
Bob l’éponge : Un héros sort de l’eau est un spectacle qui m’a réjoui car il tente toujours de nouvelles propositions pour maintenir l’intérêt du spectateur et n’a aucune pitié à jouer avec nos nerfs en poussant le concept original dans ses retranchements. 
Il est d’ailleurs préférable d’être déjà mordu de l’éponge carrée pour y adhérer, si jamais vous n’y avez jamais goûté, ce film vous permettra de savoir si vous êtes prêt pour la série. Dans ce cas, préparez les munitions, il n’y a pas moins de huit saisons déjà disponibles !


■ Bob l’éponge : Un héros sort de l’eau ■ Sorti le 18/02/15 ■ Réalisé par Paul Tibbit ■ Avec les voix de Tom Kenny, Bill Fagerbakke, Mr Lawrence… ■ Durée : 92 minutes