Dora et la Cité perdue

Depuis l’annonce de l’adaptation cinématographique de la série préschool Dora l’exploratrice, la curiosité est là. Il s’agit tout de même de l’une des séries phares de Nickelodeon avec la célèbre éponge carrée. Dora, accompagnée de son sac à dos parlant et de son singe Babouche a porté le savoir à des générations d’enfants, mais a été moultes fois parodiée ce qui en fait un objet culturel iconique en soit.

Après des années à explorer la jungle avec ses parents, Dora se prépare à vivre l’épreuve la plus difficile de sa vie : l’entrée au lycée ! Son âme d’exploratrice ressurgit quand elle doit voler à la rescousse de ses parents en danger. Accompagnée de son fidèle singe Babouche, de son cousin Diego et de nouveaux amis hauts en couleur, Dora embarque dans une folle aventure qui l’amènera à percer le mystère de la Cité d’or perdue.

Avant de parler du film, revenons sur la série animée, Dora l’exploratrice est née en 2000 (ça nous rajeunit pas) et son héroïne part à l’aventure pour apprendre de nouveaux mots aux téléspectateurs. Ses principaux compagnons sont Sakado, qui comme son nom l’indique, est un sac à dos chantant et Babouche son singe, ainsi que la carte qui ponctue elle aussi les épisodes par des chansons. Ses péripéties sont perturbées par Chipeur, le renard qui remplit son contrat de voleur en volant ce qu’il peut. Le tout dans des couleurs très franches.

Dernier check avant de partir pour la Cité Perdue : Dora + un mot à apprendre + un Sakado parlant + des chansons + une carte + des chansons + Babouche + Chipeur + de la couleur partout, vraiment partoutCe bilan laisse place à une dose de positivité et de naïveté à faire pâlir My Little Pony. L’adaptation cinématographique embrasse totalement cette joie de vivre et l’absurdité du concept des l’introduction avec Dora qui dit face caméra au sujet d’une grenouille dorée : ” Répète après moi ! Neurotoxique !”.

Si vous souhaitiez voir le côté sombre de Dora l’exploratrice, passez votre chemin, on sombre dans la lumière dans cette expérience cinématographique. Dora ne sera jamais Batman, elle n’attendra pas Chipeur au coin d’une allée sombre pour le frapper, c’est raté. Alors si vous êtes prêts à accepter cette candeur, il faut vous laisser tenter.

Le personnage de Dora est très bien tenu par son interprète Isabela Moner qui arrive à garder le cap de la positivité, de la détermination et de l’aventure. Dora veut explorer le monde et n’est intéressée par rien d’autre, ce qui est clairement la force du personnage. Par ailleurs le nerd du lycée crushe sur elle mais ce n’est pas son bizness. Elle préfère la nature et les énigmes à la romance. Il en va de même sur les moqueries lycéenne, elle est touchée mais ne se laisse pas démonter pour autant.

En opposition, Diego, interprété par Jeff Walhberg (oui oui, de la famille de Mark), a souffert et pris sur lui pour rentrer dans le moule du lycée et surtout ne pas faire de vagues. C’est donc sur son personnage plus en retrait que va se développer la romance. Ce choix narratif s’avère judicieux car il permet de garder l’authenticité de Dora tout en approfondissant le rapport aux émotions de sa contrepartie masculine, chose pour le moment plutôt rare dans le cinéma mainstream.

Les parents, Elena et Cole, respectivement Eva Longoria et Michael Pena, sont très crédibles dans leurs rôles. Les conversations entre eux touchent au sublime grâce à un certain décalage, notamment lorsque Cole essaye d’expliquer la différence entre explorateur et chasseur de trésor et qu’il se fait direct recadrer par la mère sur l’âge des enfants. Ils ne ressemblent pas à des parents de magazines et leurs doutes (et leur mauvais humour) les rendent particulièrement attachants.

L’humour brille par son décalage dans des chansons scato-rigolotes, mais aussi par un hommage aux classiques des films d’aventure comme Indiana Jones. Il se permet même d’être méta dans le fonctionnement des salles d’énigmes et aussi critique quand au colonialisme de l’histoire. Passer d’une chanson scatologique aux pointes de critiques historiques était aussi inattendu qu’agréable mais je n’en attendais pas moins du scénariste Nicholas Stoller qui a œuvré sur Les Muppets et Cigognes & compagnie.

Dora et la Cité Perdue est le divertissement tous publics de l’été, car il arrive offrir humour et aventure tout en préservant la portée iconique de son personnage principal, ce qui sur le papier n’était pas un pari facile. Cependant, le film se fait littéralement bouffer par Le Roi Lion et les actualités sur les contenus Disney hypnotisent le public. Difficile de se faire une place dans ces conditions, toutefois on peut se rassurer en se disant que Dora et la Cité Perdue deviendra, à n’en pas douter, un film culte d’ici quelques années.


■ Parasite ■ Réalisé par Bong Joon Ho ■ Sortie française le 05/06/2019 ■ Durée : 132 minutes ■ Avec Song Kang-Ho, Woo-sik Choi, Park So-Dam…