Les loups des étoiles

Si le grand public se jette dans les cinémas à la poursuite des flashy Gardiens de la galaxie Vol.2 et attend avec impatience le retour de Thor dans le très FlashGordonesque dans Thor Ragnarok, chez Grawr on remonte le temps en tournant des pages avec cette anthologie de romans signée Edmond Hamilton, titrée ici Les loup des étoiles.

Pour les néophytes, Edmond Hamilton est un romancier du milieu du vingtième siècle qui a apporté sa pierre à l’édification de certains mythes de DC comics, dont une partie de ceux de Superman, tout en étant l’un des fondateur de ce que l’on appelle aujourd’hui le space opera.

Au-delà de ça, on a tous une connaissance périphérique du héros le plus connu créé par Hamilton, puisque les japonais ont adapté son Captain Future qui nous est parvenu sous un patronyme plus éclairant : Capitaine Flam !

Mais ici, point de justicier à mèche, car le héros de la trilogie des loups des étoiles, Morgan Chane, tient plus de Cobra que de notre bon vieux capitaine Flam. Ancien pirate de l’espace, humain élevé par une race humanoïde à la surface d’une planète à la gravité élevée, désormais obligé de faire sa place au sein d’un groupe de mercenaires dirigé par le vieillissant capitaine Dillulo, Chane reprend quelques attributs du héros fondateur qu’est le John Carter d’Edgar Rice Burrough, en faisant de lui un être puissant et vif, détaché de la gravité terrienne, mais heureusement dans l’attente de retrouver une humanité qui lui manque.

Cette thématique reste cependant sous-développée au cœur des trois romans que sont L’Arme de nulle part, Les Mondes interdits et La Planète des loups, car le ton est ici plus orienté sur l’action et les exploits de ce groupe d’humains dont la profession est le vol d’information, les personnes disparues ou le retour de trésors volés, le tout richement payé par des corporations ou des individus aux motivations parfois obscures.

Au milieu d’un univers qui ne pensait exister que pour être pillé de ses richesses, Morgan va découvrir un juste milieu, entre sauver sa peau et vivre au sein d’un groupe qui n’est pas là pour perpétuellement le défier, comme pourraient le faire ses anciens alliés pirates, les Varnans (qui dans le comportement, font quasiment penser aux Klingons de Star Trek).

Dans un style de narration direct et délié, Hamilton se laisse assez peu aller aux habituels pièges de la science-fiction et éviter et de ses tropes comme le techno-blabla et les big dumb objects pour se concentrer sur une action plus humaine et concrète, sans pour autant délaisser les morceaux de bravoures spatiaux (rétrospectivement, une scène de Star Trek Beyond reproduit l’une des figures de La Planète des loups avec une troublante similarité ).

Il reste que l’on est pas là pour exalter du sentimentaliste (bien que la fin de Les Mondes interdits et La Planète des loups font un certain travail sur les personnages et leurs aspirations), c’est ici au service du plus primaire escapisme que les péripéties de Chane et ses compagnons, et le tout est pleinement efficace, au point où, au terme des plus de  pages que possède ce recueil, l’on est quelque peu blasé d’une fin aussi abrupte, qui reflète pourtant bien le côté très pulp de l’ensemble.

Rempli d’exotisme et peu prône au sexisme de rigueur à l’époque dans d’autres genres littéraires, Les loups des étoiles fait le travail proprement et se permet de résister à l’épreuve du temps d’une bien belle manière, surtout en période de revival cinématographique du space opéra… rien n’est nouveau, tout est dans les livres !


■ Le loup des étoiles ■ Ecrit par Edmond Hamilton   ■ Publié le 15/05/2003 chez Folio, collection Folio Science Fiction ■ 631 pages