Pas ma guerre des étoiles

Avec la ressortie sur les écrans de La Menace Fantôme en 3D, les esprits déjà échaudé par les modifications apportés à la saga en blu-ray se sont remis à la tâche : entre pour et contre, entre vieux et jeune fans, ce qui finit par tous les relier est l’amour d’un univers, devenu aujourd’hui plus pertinent grâce à son merchandising que par l’exploitation de ses opus originaux.

Car depuis la sortie de la nouvelle trilogie, Star Wars ne nous a jamais vraiment quitté. Entre les jeux vidéo, la série animée The Clone Wars, les comic-books et les romans, l’univers étendu ne cesse de croître, faisant de Luke, Han et Leia des grains de sables dans une machine qui s’étend des milliers d’années avant la naissance de Darth Vader à plus d’un siècle après la fin du Retour du Jedi.

Evidemment la qualité du produit varie selon les sources : L’on va du très bon (Bioware et ses rpg Knights of the Old Republic) au variable (Un bon tiers des arcs narratifs de The Clone Wars concerne l’infâme Jar-Jar et ses péripéties bien discutables), sans parler du reste.

Ajoutons à cela des interventions créatives de George Lucas qui ont provoqué l’ire des fans (la mise en retrait des comics The Clone Wars et de la série animée de Gendy Tatarkovsky au profit de l’actuelle, l’effacement pur et simple du canon officiel de la licence Republic Commando issue des romans de Karen Traviss), ceux qui ont grandi avec ce même Episode 1 ont eu la joie de découvrir que l’univers régi par Lucasfilm est à peine plus stable que celui de Marvel Comics.

Ce qui vient à poser la question : Qu’est ce que mon Star Wars ?

Pour moi, né en 1984, période de creux en la matière, ce sont des diffusions télévisuelles enregistrées sur VHS, puis la fameuse ressortie des Editions Spéciales comprenant des altérations numériques plus que visibles. Je vivais avant ça sous perfusion, heureux de mettre la main sur la trilogie de Timothy Zahn et quelques comics sortis en France chez feu la ligne française de Dark Horse.

Et c’était tout. C’est dire la réjouissance d’apprendre l’existence d’un projet multimédia comme Les Ombres de l’Empire en 1996, suivi par l’arrivée des Editions Spéciales et enfin l’annonce officielle d’une nouvelle trilogie !

L’heure était à la prospective, à ce champ des possibles, alors que l’évocation de la guerre des clones (alors surnommées “guerres noires” en VF dans l’épisode IV) faisait frissonner, que l’image d’une assemblée de jedis donnait le tournis, et d’imaginer la spirale qui entraînerait le jeune Skywalker dans les frusques de Darth Vader…

Comme souvent, et ce que l’on découvre avec l’expérience, l’attente est bien meilleure que la découverte et l’idée fut, on peut le dire, bien plus brillante que son exécution.

Exécutions qui étaient déjà maladroites et même déplacées pour des personnes de la génération de Rafik Djoumi ou de Devin Faraci. Lors de leur découverte des éditions de 97, celles-ci n’étaient déjà plus leur Star Wars mais bien un nouvel ensemble pour un nouveau public, une nouvelle réappropriation de son mythe par son créateur, George Lucas.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Pour les enfants d’aujourd’hui, Star Wars (et non plus la Guerre des Etoiles, la mondialisation terminant le travail de lissage global) c’est avant tout la prééminence de son merchandising et, éventuellement, des ressorties en 3D pour profiter d’une nouvelle technique qui attire les foules dans les salles.

Je n’ai donc pas été si mal loti, puisque j’ai vu la nouvelle trilogie dans les salles de cinéma, et connu la déconvenue de voir des films taillés pour étendre un univers et dont la narration, entre circonvolutions, maladresses et fan-service un peu honteux, qui n’ont servi qu’à plonger plus de nouveaux fans dans d’autant  plus de merchandising et d’informations.

Cette béquille narrative, disgracieuse, remplace dans ces préquelles le brillant travail de caractérisation et la force des personnages d’origine, ici déjà englué dans un passé bien trop pesant et une issue que chacun connait.

Des films donc, qui ne peuvent pas vivre par eux-mêmes, en dehors de la mythologie qui s’est construite autour d’eux, vampirisant les enjeux et pour certains personnages le potentiel qu’il auraient pu réellement avoir à l’écran : le syndrome Darth Maul Comte Dooku Jango Fett Général Grevious Boba Fett ?

Toujours est-il qu’à chaque changement de support, l’occasion se présente pour Lucas de se réapproprier maladivement son oeuvre, d’y apporter quelques “modifications” et de resservir chaud, à une nouvelle génération, faisant fi du travail d’archive en détruisant les anciennes copies, où de les présenter volontairement détériorées.

Il suffit pour cela de se souvenir des éditions DVD spéciales où on pouvait trouver sur un second disque les films d’avant les ajouts des Editions Spéciales… en qualité Laserdisc ! Geste princier ou crachat méprisant ? 

Box 3 film guerre des étoiles édition spéciale
Ma dernière acquisition dans cet univers, ça remonte…

Je n’ai pas acheté l’intégrale en Blu-ray. Je n’ai même pas les DVD sur mon étagère, mais je continue tout de même de suivre de loin cet univers, même si pour moi, ma Guerre des Etoiles restera la ressortie des films au cinéma en 1997, et ce malgré le fait de les avoir vu à la télévision bien plus jeune.

Aujourd’hui, George Lucas annonce même que son intention n’était pas qu’Han Solo soit celui qui tire le premier, comme pour retirer encore un peu plus au personnage son aura de cow-boy, car, comme il le dit lui-même, celui-ci est un gentil.

Pourquoi, selon son point de vue, se contenter de regretter ce qu’il n’a pas pu faire alors qu’il a tout les moyens de modifier à l’infini sa saga ? C’est la grande question, dont la réponse n’est hélas pas 42. Gageons toutefois que le grand chef de Lucasfilm a encore quelques cartes à jouer dans la galaxie Star Wars

N.B : Pendant ce temps, résistant encore et toujours à sa volonté de faire disparaître des films qui appartiennent au patrimoine du cinéma, des fans de la première heure tentent de refabriquer les films originaux… Via originaltrilogy.com