Critique : Tempête de Boulettes Géantes : L’île des Miam-nimaux

Ayant beaucoup apprécié le premier film, j’ai évidemment attendu cette suite avec beaucoup d’impatience. J’ai aussi au l’occasion d’assister au making of du film en présence de Kris Pearn et Cody Cameron, les réalisateurs, au Festival International du film d’animation d’Annecy. Ce dernier a encore plus aiguisé ma curiosité. Vous pouvez d’ailleurs retrouver mon compte rendu en page 16 du webzine Focus On Animation
Nous avions laissé à l’issue du précédent film Flint et Sam au bord de l’île de Swallow Falls, recouverte de nourriture géante. C’est alors que débarque Chester V, entrepreneur visionnaire et l’une des idoles de Flint, qui lui propose de travailler au siège de sa compagnie, la Live Corp, à San FranJose. Flint accepte et toute la bande du précédent opus l’accompagne dans cette aventure. Le plan de Chester V va les pousser à remettre les pieds à Swallow Falls, où une vie étrange s’est développée grâce au FLDSMDFR : les Miam-nimaux.
Dans ce film, le personnage de Flint évolue et se trouve confronté à sa propre normalité dans l’univers impitoyable des inventions. Il n’est en effet pas le seul inventeur et il découvre l’industrialisation des idées sous la forme de la hiérarchie de la Live Corp. Cette multinationale pousse les génies dans leurs retranchements en les faisant travailler dans un cadre inhumain sous forme de nid d’abeille suggérant la rigueur et la froideur d’un open space. Cet environnement est le reflet de l’esprit de Chester V, son idole.  

J’attendais beaucoup de Chester V qui m’avait été annoncé comme “un mélange entre Steve Job et le Père Noël” et je suis hélas resté sur ma faim. Sa conception esthétique est folle dans son élasticité et dans sa mobilité, allant dans un style cartoony de l’extrême, à l’opposé des autres personnages qui restent dans une expressivité à laquelle on est habitué depuis le premier film.  
Il manque à mon avis de la substance dans la caractérisation de Chester, car il est introduit dans l’univers de Flint d’une manière un peu artificielle par le biais de la télévision au début du film. Flint ayant résolu ses problèmes avec son paternel, Chester perd alors l’ascendant dû à sa position d’inventeur mentor. Il campe seulement un méchant classique que l’on croirait sorti d’un James Bond.
L’univers des Miam-Nimaux s’ouvre par une référence à King Kong, par une arrivée en bateau dans un décor grouillant et coloré  La découverte de cet environnement quant à elle fait assurément référence à Jurassic Park.  Un soin particulier a été apporté à l’hybridation entre légumes et animaux, ce qui donne des créatures à la fois dynamiques et appétissantes. 
Certaines d’entre elles possèdent une gestuelle se rapprochant des Muppets. Les cornichons qui accompagnent le père de Flint en sont le parfait exemple : ils gargouillent, ils sautillent, ils grognent, rendant l’interaction avec le mutique Tim Lockwood truculente. J’ai totalement adhéré à ce délire total food porn car il prend une tonalité attachante au fur et à mesure du film.

La musique, composée par Mark Motherbaugh, joue son pleinement son rôle d’habillage de l’univers sans être envahissante. La bonne surprise vient de la chanson “New” composée par Paul Mac Cartney : elle apporte à la fois une tonalité naïve par son hommage au Yellow Submarine des Beatles et d’une ironie cinglante en regard de la situation de Flint.

La principale difficulté pour les réalisateurs a été de faire une proposition nouvelle tout en étant conscient de l’impact et de la popularité de Tempêtes de Boulettes Géantes. La fin du premier volet n’appelant pas nécessairement une suite, il leur a fallu réinventer de nouveaux enjeux pour Flint Lockwood. Ce redémarrage avec une nouvelle équipe s’est révélé être un exercice périlleux au vu du nombre conséquent de personnages à gérer dans cette histoire.   

Cette suite tant attendue m’a permis de passer un bon moment, malgré ses défauts. Tempêtes de Boulettes Géantes : L’île des Miam-Nimaux remplit son rôle de divertissement tout en soulevant des thématiques intéressantes. Je vous encourage à y aller, mais après être allé voir Minuscule : la Vallée des Fourmis Perdues qui s’est révélé être une excellente surprise ! 


■ Tempête de Boulettes Géantes : L’île des Miam-nimaux   ■ Sorti le 5 février 2014  ■ Réalisé par Cody Cameron & Kris Pearn  ■ Avec les voix de Bill Hader, Anna Faris, James Caan …   ■ Durée : 95 minutes