Pour faire une pause dans cette folie de sable, de métal et de fureur, j’ai décidé de revenir à un classique : l’indécrottable Jackie Chan ! Vous connaissez mon gout pour les curiosités, et bien Mister Dynamite en est une. Promis, un jour, je vous parlerai d’un film de Jackie Chan plus traditionnel…mais cela existe-t-il ?
En attendant, revenons à l’intrigue de Mister Dynamite, si tenté qu’il en ait une réellement définie. Donc, Jackie Chan aka Le Faucon Asiatique dans la version originale, occupe le métier fou d’archéologue/pilleur de tombes et il est ici en quête malgré lui de l’Armure de Dieu.
Ce qui est bien avec les films HK, c’est qu’on peut se réjouir des clichés européens.
La présentation du Faucon s’insère par une scène d’action avec des autochtones ayant la volonté de rendre hommage/rivaliser avec Indiana Jones. Seulement voilà, Chan fait preuve d’un humour bas du front flirtant avec le racisme en imitant grossièrement leur langage et le faciès de leur déité. Avec le recul, il est sain de se demander si cette intention était à l’époque volontaire ou non.
Seulement, quelque part en Europe, des moines aux sourcils imposants en ont décidé autrement et en se renseignant sur le passé de Jackie, découvrent qu’il faisait partie des ABC, un genre d‘ABBA asiatique. Ils kidnappent alors la chanteuse et amour passé du Faucon, Laura…
Vu que l’intrigue se déroule en grande partie dans la France de l’Europe de l’Est, Jackie, par soucis d’adaptation, se transformera en « Jacquie » pour cette critique (car, comme vous le savez peut-être, en France, Jackie joue…Jackie, quel que soit le film et à quelques exceptions près).
Le charme et le style de la Vieille Europe…
Le film étant réalisé par Jacquie lui même on retrouve, tout comme dans Dragon Lord, l’importance du binôme comique. Le Faucon partage l’action avec Alan, chanteur pop et pas débrouillard du tout, provoquant un décalage entre les personnages qui se révélera ultra efficace dans les grosses scènes de combat (dont une comprenant une bonne trentaine d’ennemis).
Les principaux antagonistes sont campés par moines sectaires aux sourcils touffus dont les journées sont principalement réglées par trois activités : dire non à la société de consommation, organiser des soirées Meetic avec les filles du village d’à côté et prier pour du rab’ de frites à la cantine. Leur boss, joué par Ken « super sourcils » Boyle, veut l’Armure de Dieu pour dominer le monde…as usual.
Le Club des Cinq enfin réuni !
On remarque aussi la vision de l’Europe selon les asiatiques, puisque le binôme croise le chemin d’un milliardaire allemand dont le sens de la décoration rococo douteuse avec son lot d’enluminures n’est égalé que par la centaine de bergers allemands assortis. Le casting des européens s’est fait selon la taille de leur tarin, que dis-je, de leur péninsule, un choix qui a ouvert Mister Dynamite à une carrière internationale certainement plus aisée de côté-ci du monde.
L’action s’illustre principalement par des poursuites en voitures à faire pâlir l’intégrale de la saga Fast and Furious et l’investissement visible de Mistubishi y est certainement pour quelque chose. On enchaîne avec frénésie poursuite dans un petit village, saut de requin au dessus d’un échangeur d’autoroutes et transformation ludique d’un véhicule, bien des années avant The Dark Knight. La touche Chan est partout. Partout !
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Les chorégraphies de combat ressortent aussi par leur côté over the top, la première se déroulant dans la cantine de la secte. Jacquie y exerce son talent à manier les accessoires et tout y passe, du banc à la table sans oublier la vaisselle. La minutie est d’autant plus impressionnante que Alan et Laura participent à la scène en y apportant une tonalité comique, instillant une difficulté supplémentaire pour Chan, qui doit les protéger.
Privés de dessert !
La seconde est un tableau où Le Faucon se retrouve face à quatre femmes athlétiques prêtes à en découdre. Ici c’est la musicalité du combat qui prime. Les attributs féminins, comme les talons, sont utilisés pour accentuer la grâce du jeu de jambes, une inventivité qui sort l’affrontement d’un certain classicisme. Je tiens d’ailleurs à souligner que les coups échangés gardent toute leur puissance, personne ne se fait de cadeau. Il s’agit là de mon moment préféré car la féminité est infusée à la chorégraphie tout en gardant le côté brutal du combat.
Cet affrontement remonte largement la sous-exploitation des personnages féminins dans la narration. Laura est tout bonnement la damoiselle en détresse et May, la fille du milliardaire et appui dans l’aventure, est montré plus par sa maladresse avec les armes à feu que par son efficacité.
Jacquie mord la poussière, assailli par toute cette féminité.
Cette dernière disparaît d’ailleurs régulièrement du film et est absente de ses plus grosses scènes d’action… mais comme d’habitude, vous ne serez pas étonnés d’apprendre que plus d’un quart d’heure a disparu du métrage lors de sa sortie chez nous à l’époque, un sacrilège que répare l’édition blu ray sortie chez HK vidéo en 2013.
Heuuuu…
Ces manquements mettent en valeur le côté foutraque de la narration, on voit clairement que l’histoire a été posée autour des morceaux d’action, une logistique que l’on retrouve également dans les James Bond. L’objet sensé être celui de tout les désirs, l’Armure de Dieu du titre original, se volatilise ainsi aussi vite qu’elle nous a été présenté et le film ressemble plus à une lune de miel bromantique qu’autre chose.
Mister Dynamite est un concentré d’action qui laisse entrevoir le déjanté Hudson Hawk, normal entre Faucon tout le monde s’y retrouve. Le film fait preuve d’une folie qui rend son visionnage drôle et fun, je ne peux que vous le recommander.
Maintenant que vous êtes arrivé au bout de cette critique, vous pouvez aller boire votre café !
■ Mr Dynamite ■ Sorti le 20 juillet 1988 ■ Réalisé par Jackie Chan ■ Avec Jackie Chan, Alan Tan, Rosamund Kwan… ■ 80 minutes (94 en version HK) ■ Disponible en vidéo