Kung Fu Panda 2

Après vous avoir parlé de Kung Fu Panda, je me lance dans la suite des aventures de Pô et des Cinq Cyclones. Une histoire où il sera question de quête intérieure, de nouilles et de courses poursuites, mais est-ce une bonne suite ? Fait-il le poids face au film original ?

On est heureux de retrouver le Maître Panda et ses compagnons au dojo de la Vallée, seulement le calme est de courte durée. Lors d’une attaque de loups, Pô se retrouve confronté à de douloureux souvenirs d’enfance et ne peux combattre. S’engage alors une bataille pour affronter Shen, un paon machiavélique et torturé qui veut anéantir le kung fu à l’aide des premières armes à feu. On découvrira aussi quel est sont rôle dans le passé de Pô et ce qu lie les deux personnages.

Kung Fu Panda 2 place la dynamique de groupe au centre de l’action, ce qui permet de découvrir les personnages différemment. On sort des techniques individuelles d’arts martiaux pour aller vers des chorégraphies multiples où les styles se mélangent. La scène d’attaque du village est en la parfaite illustration où le style élastique de Pô se mélange aux lignes plus tendues des Cinq Cyclones. Le tout sur un rythme musical percussif qui donne la banane ! Ce premier morceau donne, en toute simplicité, la mesure des scènes d’action qui vont suivre.

Cette active mise en place installe le terreau nécessaire au développement des caractères des différemment maîtres d’art martiaux. On découvre Pô en plein tourment, interprété en nuance par Jack Black, qui va trouver un soutien inattendu de la part de Tigresse, un personnage dans la performance mais qui a mis un certain temps à avoir la certitude de ses acquis.

Le temps pris pour évoquer leurs sentiments et leur chemin intérieur s’installe comme une respiration dans la course trépidante vers Lord Shen. Cette notion de temporalité est volontairement reprise par les différents protagonistes pour évoquer la paix intérieure et la notion d’équilibre. Shifu parle des cinquante ans nécessaire à maîtriser cette technique, Tigresse des vingt ans qui lui ont valu de ne plus ressentir physiquement, et même l’antagoniste, Shen, mûrit pendant trente ans la vengeance qui le dévore à petit feux.

Pô, quant à lui, est coincé entre ses problématiques personnelles et son combat pour le kung fu, ce qui ne lui laisse pas la latitude d’encaisser les différentes révélations que l’histoire enchaîne sans pitié sur sa personne. L’incursion de ses souvenirs l’affaiblit aussi bien mentalement que physiquement et l’empêche d’assurer sa position de Guerrier Dragon. Ces chocs sont transmis par l’utilisation de l’animation traditionnelle en contraste avec le numérique, lorsque le visage de sa mère apparaît on remarque que les mains de Pô sont toujours modélisées en 3D.

La famille recomposée qu’il forme avec les Cyclones et la famille adoptive représentée par Monsieur Ping sont les moteurs de Pô tout au long de l’aventure. Je trouve particulièrement touchante sa relation avec son père l’oie, ce dernier déborde de générosité pour rendre son panda heureux. Un excès de caractère qui donne envie de partager un bol de nouilles avec eux dans leur petite échoppe.

Le rythme du film au cordeau rend cette suite parfaitement dosée entre émotion et action. On pourra toujours reprocher le manque de développement des personnages secondaires, seulement la moelle de l’histoire, située autour de la quête personnelle de Pô est un choix classique mais riche de significations.

C’est peut être ce qui a manqué à Dragons 2, malgré des scènes d’action palpitantes, le film a du mal à gérer la lourdeur dramatique et manque de respirations, aussi bien pour le spectateur que pour Hiccup. La réalisation de ce dernier reposait sur les seules épaules de Dean Deblois, tout comme c’est le cas ici pour Jennifer Yuh Nelson, un exercice qu’elle a pourtant mieux géré. Elle reste d’ailleurs la seule femme réalisatrice d’un long métrage d’une telle envergure.

La photographie s’accorde à l’état émotionnel des personnages : des couleurs naturelles pour Pô, un camaïeu rouge industriel pour Lord Shen.

Malgré un accueil mitigé en Asie pour l’original, Kung Fu Panda 2 a quant à lui remporté un large succès en Chine et a permis à Dreamworks Animation d’y installer une filiale de production pour pérenniser la franchise. Une démarche économique d’une telle ampleur qui a donné à Katzenberg la possibilité d’élargir son public et de gérer au plus près le budget des films en préparation. Kung Fu Panda 3, en parti fabriqué là-bas, est d’ailleurs attendu pour mars 2016 en France.

Même si mon cœur bat pour l’original, je reconnais la justesse d’exécution de Kung Fu Panda 2 et je vous invite à le regarder en famille, ou entre amis en mode doudoune plaid et vin chaud, gâteaux alsaciens ou pain d’épice (existe en version salé).

Ne vous fiez au côté comique de la bande annonce, le film est emprunt d’une cruauté qui peut surprendre.


■ Kung Fu Panda 2 ■ Sorti le 15 juin 2011 ■ Réalisé par Jennifer Yuh Nelson ■ Avec Jack Black, Dustin Hoffman, Angelina Jolie, Jackie Chan, Gary Oldman… ■ Durée : 95 minutes ■ Disponible en vidéo