Critique : 9 mois ferme

Note de la rédaction : comment ça, un film français sur Graaaawr.fr ? Ses occupants ont-ils peur de l’extinction ? Que nenni ! Malgré une certaine aversion pour le genre national le plus populaire, les films d’Albert Dupontel font ici exception. S’il n’en fallait qu’un…

Ariane Felder, juge d’instruction investie dans son travail, découvre sa grossesse suite à un malaise. Elle prend connaissance, après enquête,  que le père de l’enfant  n’est autre que Bob Nolan, cambrioleur et globophage présumé.

L’histoire s’installe sans fard et sans fausse pudeur vis-à-vis des personnages. On les suit dans un quotidien répétitif servi par un montage au cordeau jubilatoire, les dossiers s’enchainent et se ressemblent dans le bureau d’Ariane. 
L’évènement qu’est la maternité et son déni y sont traité avec justesse, ce qui est rare car on ne sombre jamais dans le pathos. La scène du jugement du fœtus  présente dans la bande annonce est très représentative de ce traitement. 

La recherche et la découverte de la paternité de l’enfant donnent lieu à des dialogues qui résonnent par leur humour, parfois absurde et souvent noir typique de l’univers de Dupontel. Sandrine Kiberlain donne corps à une juge d’instruction maniant le Verbe avec précision face à ses affaires et ses collègues du Barreau. 

La rencontre avec Bob Nolan, cambrioleur et ennemi public n 1, en devient alors savoureuse. Il représente tout ce qu’elle n’est pas, il s’exprime simplement, avec hésitation, et possède une réflexion limitée tout en dégageant une vraie gentillesse. L’évolution de leur relation prend tout son sens au long du  film et explose dans un climax final hilarant.

Autour du duo gravitent des personnages à la fois gauches et hors normes par rapport à leur fonction. Le lieutenant Edouard notamment, campé par Christian Hecq de la Comédie Française est empreint d’une gêne naturelle qui le ridiculise aux yeux de la juge et du spectateur. 
Je vous laisse découvrir les autres personnages truculents de cet univers au cinéma où 9 mois ferme mérite dignement sa place, tant le métrage est techniquement supérieur à 99% de ce qui sort comme comédies françaises affligeantes. Une chose est sure, ils ne vous laisseront pas indifférent. Je vous encourage donc à vous rendre dans le cinéma le plus proche et à « prendre » ces 9 mois ferme.

Sortie le 16 octobre 2013 et déjà plus d’un million de spectateur pour la seule comédie française de l’année à mériter son succès !  
Nota : Certains cinémas proposent des séances pour sourds et malentendants, ainsi chacun peut profiter de cette bonne dose d’humour pour une fois français.