Le créateur de Souvenirs de Gravity Falls, Alex Hirsch, n’a que 26 ans et est l’emblème de la nouvelle vague de séries animées Disney qui vont déferler sur les petits écrans. A l’occasion du Comic-Con de San Diego et de la montée en puissance dans les audiences de sa série, Hirsch a donné de multiples interviews dont voici un agrégat traduit.
Note : Si vous ne connaissez pas encore cette série animée, je vous conseille d’aller lire la présentation que j’ai réalisé sur Focus On Animation.
Vous avez une sœur jumelle et un grand-père nommé Stan. Donc Dipper était bien votre surnom ?
ALEX HIRSCH: Il y avait un gamin dans mon collège qui avait une acné terrible et je prenais plaisir à tracer des constellations entre tous ces points sur son visage. Sans qu’il ne le sache, je reproduisais en dessinant sa si particulière acné journalière et je pensais, « Hmm, ça pourrait être Orion. » Et un jour il eu une parfaite casserole, la grande Ourse (en anglais, Big Dipper, « la grande louche » ndt) sur son front. Je ne me considère pas comme quelqu’un de croyant, mais ce jour-là j’ai pensé, « Ca veut dire quelque chose ! »
La télévision et plus spécialement les cartoons, peuvent avoir un effet conséquent sur les enfants. Que voulez-vous que les jeunes téléspectateurs en retirent ?
ALEX HIRSCH: Quand j’avais à peu près 7 ans, j’ai fabriqué un piège à leprechaun à l’aide de boites en carton, d’une boite à biscuit métallique et quelques rouleaux de papiers toilette. Ma mère m’a dit: « Il y a un problème. Les leprechauns sont doué de magie. Ils pourraient s’échapper. » Je lui ai demandé ce qu’il fallait faire, elle me répondit : « Du whisky. C’est leur faiblesse. »
Elle prépara un shooter de whisky que je déposai dans la boite métallique. Le lendemain matin, un trou s’était formé à travers la boite, le whisky avait disparu et il ya avait de la gelée verte partout. Ce jour-là, ma super maman m’a donné quelque chose d’une grande valeur — Ce dixième de seconde d’émerveillement. J’espère donner aux enfants, peut-être, quelque chose comme ce moment-là.
Votre série à un sous-texte assez sombre. Comment cela se passe avec Disney ?
ALEX HIRSCH: Je n’ai jamais formulé de blague que je n’aurais pas moi-même vu dans un film Pixar. Enfant, je regardais les cartoons classiques et je pouvais dire que Bugs Bunny travesti était un personnage de cartoon en plus d’être une blague. Ca ne m’a pas donné le désir de me travestir. La réponse c’est qu’on a des batailles à mener. Les restrictions vous aident parfois à écrire de meilleures blagues. Et à d’autres moments il vaut mieux battre en retraite et continuer à chercher.
Qu’est ce qui fait de « Souvenirs de Gravity Falls » une série si spéciale ? Le concept de base— des enfants enquêteurs et des légendes urbaines — n’est pas neuf.
ALEX HIRSCH: C’est plus que ça. C’est aussi une comédie basée sur ses personnages. J’aime que la relation entre les jumeaux soit quelque chose que l’on ne voit pas beaucoup à la télévision. Ils s’aiment, et ils sont amis. Bien sûr, ils se rendent aussi dingues mutuellement. Mais ils sont aussi un duo, des confidents et des partenaires dans le crime, tout comme ma sœur et moi l’étions.
Avez-vous la grosse tête ? Je veux dire, vous avez à peine 27 ans en étant aux commandes d’une série à succès.
ALEX HIRSCH: Pour être honnête, non. Je n’ai jamais douté, car je m’appliquais et j’essayais d’apprendre de tout cœur ce pour quoi j’étais doué. J’ai eu de la chance, c’est certain. Mais ce fut vraiment une ligne directrice qui m’a conduit de l’écolier control-freak obsédé des cartoons au producteur exécutif control-freak, obsédé des cartoons.
Quand avez-vous été attire par l’animation, et que c’est ce qui a déclenché en vous l’intention d’en faire une carrière ?
ALEX HIRSCH: Si vous posez cette question à quelqu’un qui travaille dans le milieu combien de temps il est dans ce monde-là, on vous répondra que c’est aussi loin qu’ils peuvent s’en souvenir, et je ne fais pas exception. J’ai toujours aimé dessiner et aimé les dessins animés. En grandissant, j’ai aimé les films Disney, les Simspons et je suis un grand fan des comics trips de Calvin & Hobbes et de cette manière de conjuguer cette fantasy étrange avec un humour très terre-à-terre.
Depuis que je tiens un crayon, je fais des dessins et je fais des blagues. J’ai eu la chance que personne ne m’arrête et désormais c’est ce qui me fait vivre. Je suis allé à CalArts après le lycée, ce qui fut une excellente expérience. C’est honteusement cher, mais toute personne qui aime l’animation et qui veut en faire une carrière veut y passer. Pour ma part, CalArts fut très bénéfique. Après ça, je suis entré chez Cartoon Network, puis chez Disney.
Comment « Souvenir de Gravity Falls » a fini par être produite ?
ALEX HIRSCH: J’ai été approché par Disney. Je travaillais chez Cartoon Network à l’époque, sur une série appelée Flapjack, et un producteur de chez Disney, Mike Moon, m’a appelé sur un coup de tête. Il avait vu un de mes films d’étudiant et l’avait beaucoup aimé.
Il m’a dit : « Vous aimeriez développer une série pour Disney Channel ? » je n’avais jamais considéré l’idée mais j’ai pensé « Peut-être que c’est l’endroit qui conviendrait pour ma série qui mélangerait les Simpsons à Twin Peaks. »
Depuis le moment où j’ai pitché cette série jusqu’à maintenant, j’ai été très surpris et plein de gratitude envers le fait qu’ils l’aient accepté. Ils n’ont jamais tiqué. Ils n’ont jamais dit « Ajoutez une voiture de course qui parle » ou quelque chose comme ça. Ils ont toujours été intéressés par ma vision tout du long. Je suis très chanceux. J’étais conscient du choix que j’avais pris au moment où j’ai présenté l’idée, que je ne ferais pas de compromis.
Si ils avaient dit « C’est bien, mais si ils parlaient tous en rappant ? » j’aurais répondu « Ce fut un plaisir d’avoir eu affaire à vous, à plus ! » J’ai vraiment été très chanceux que le premier studio dans lequel je suis entré soit concerné par le fait de développer quelque chose de différent, qu’ils veuillent quelque chose de créatif.
Maintenant que vous avez créé votre propre série, espérez-vous continuer à en créer d’autres, ou désirez-vous aller vers le long-métrage d’animation, voire même le live action?
ALEX HIRSCH: J’aime la télévision. J’ai récemment fait un stage chez Pixar et ils m’y même ont propose un poste de story artist, mais je ne suis pas si intéressé par le long-métrage.
Ce qui est bien avec la télévision c’est que je peux raconter vingt histoires en un an. Si je travaillais, je raconterais 1% de l’histoire d’un autre en quatre ans. En terme d’engagement créatif, je préfère être capable de produire, produire, produire. Ce n’est pas tout le temps parfait, mais il est plus possible d’improviser et d’apprendre. C’est comme un camp d’entrainement, on y apprend ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.
Si on rate quelque chose, l’épisode de la semaine suivante est juste derrière, donc on peut améliorer la chose pour celui-ci, c’est très excitant. Après avoir fait cette saison – ce qui fut très fun mais aussi plein de défis – j’ai l’impression de pouvoir tout faire.
Je pourrai imaginer créer un long-métrage, parfois d’un seul coup. J’ai beaucoup aimé faire cette série pour les enfants, mais j’aimerais bien, à un moment, faire une série qui serait sur une chaîne plus adulte et aborder des choses dont je ne peux parler sur Disney Channel. Mais pour le moment, je suis content d’être là et de travailler sur cette série.
Sources des interviews : Comics Alliance et Collider